C'est une histoire qui peut se lire dans les journaux, mais aussi dans les livres, le Livre, et même les pierres. Surtout, elle s'écrit encore, parfois en lettres de sang. Pour l'éternité ? La paix autour d'Abraham (Ibrahim pour les musulmans) est-elle vraiment une vue de l'esprit ?
« La haine n'est qu'une défaite de l'imagination », écrivait Graham Greene, qui sur ce point s'est lourdement trompé. Peu de sujets ont été l'objet d'une telle créativité dans le fantasme, le mythe, quand ce n'est pas la manipulation. Apporter un peu d'histoire, de faits et de sources dans ce théâtre de légendes : voilà l'objectif de cette nouvelle édition, revue et augmentée.
Les enjeux sont larges. Car l'affaire ne se limite évidemment pas au conflit israélo-palestinien, qui lui-même a d'autres ressorts. Elle n'est pas non plus circonscrite au Moyen-Orient, où le champ géographique de la question est d'ailleurs singulièrement rétréci, puisqu'il n'y a désormais presque plus de juifs dans la région en dehors d'Israël.
On y croise certes des considérations religieuses, avec un écho qui par définition traverse les frontières, mais aussi politiques et géopolitiques, de Caracas à Pékin en passant par Moscou et New York. L'Occident, le « Sud global », les démocraties libérales comme les nouveaux empires autoritaires sont impliqués dans les déchirures du Livre.
On pense notamment à la résurgence de l'antisémitisme, sur plusieurs continents, dont le - frauduleux - prétexte avancé est souvent la défense des musulmans. On songe aussi à la confusion entretenue par d'intéressés « ingénieurs du chaos » entre musulmans et islamistes, pour le plus grand bonheur de ces derniers. Ou comment nourrir la haine des uns par le mépris des autres...
Alors laissons parler les historiens, les spécialistes et surtout les textes, puisque au commencement était le Livre.