Glenat
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Drames et sauvetages ponctuent l'histoire de la haute et moyenne montagne. Des pratiques séculaires aux secours professionnels, une autre histoire du secours en montagne.Avalanches, éboulements, inondations, incendies... Les risques naturels sont inhérents à la vie en montagne. Comment les communautés alpines ont-elles géré ces risques depuis le Moyen Âge ? Quels faisceaux de savoirs et de pratiques ont-elles mis en place pour se prémunir de ces catastrophes naturelles et donner naissance au corps professionnel que l'on connaît aujourd'hui ?
Si les risques naturels ont toujours influencé les façons d'habiter la montagne (architecture, rites et pratiques, toponymie), les accidents liés à l'apparition de l'alpinisme et au développement des sports de montagne vont bouleverser en profondeur l'organisation des secours en haute montagne. Aujourd'hui, la surfréquentation de certains territoires de montagne, les nouvelles pratiques sportives, leur surmédiatisation continuent d'alimenter le débat. À travers une réflexion sur la gestion des risques naturels, des chroniques de sauvetage, ainsi que l'histoire du secourisme et sa médicalisation, ce numéro dresse un portrait de ce corps de métier encore méconnu.
Au sommaire :- L'histoire de la gestion des risques par les communautés alpines.- Les bergers face aux intempéries.- Solidarité : quatre chroniques de secours.- Titanic sur le Léman ou 150 ans de sauvetage.- Le drame Vincendon et Henry.- L'organisation du secours en montagne : quel modèle pour demain ?- Y a-t-il un toubib dans l'hélico ? Histoire de la médicalisation du secours en montagne.- Petite philosophie du renoncement.- L'accident, ressort de la littérature alpine. -
Panorama à 360° d'un massif habité depuis la préhistoire, aux paysages grandioses, et protégé depuis 50 ans par le Parc naturel régional du Vercors.On connaît la beauté des paysages du Vercors, celle notamment de ses hauts plateaux, qui abritent la plus grande réserve naturelle de France. On croit également connaître l'histoire de ses maquis, mais sait-on que ce territoire est une construction humaine très récente ? Jusqu'à la fin du XIXe siècle, le Vercors est une mosaïque de pays, dont l'unité va être structurée par l'ouverture des routes, l'importance de la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale, sans oublier la création du Parc naturel régional en 1970. Aujourd'hui, le massif voit sa démographie en forte hausse et n'en finit pas de s'adapter aux nouveaux défis d'aujourd'hui : pression touristique, besoin en énergie, dérèglement climatique, etc.Au sommaire du dossier :- Les grandes étapes de la construction de ce territoire.
- La population du Vercors a bondi de 40 % en 40 ans. Qui sont ses nouveaux habitants et que viennent-ils chercher ici ?
- En 2020, le Parc naturel régional du Vercors a soufflé ses cinquante bougies. Quel modèle de développement singulier entend-il porter ?
- Énergie, recyclage, biodiversité, circuits courts : de nombreux acteurs se mobilisent dans le Vercors en faveur de la transition écologique.
- Portfolio. Réserve unique en France par sa taille et son état de préservation, les hauts plateaux du Vercors se révèlent d'une époustouflante beauté, pour qui se perd dans leurs pelouses, leurs forêts ou leurs champs de lapiaz.
- 3 juillet 1944 : la République française est officiellement restaurée dans le Vercors. Cet épisode fut-il un cas isolé en France ?
- Au gré des soubresauts de l'histoire, le Vercors a accueilli des réfugiés de tout horizon. Une tradition de l'accueil qui perdure jusqu'à aujourd'hui.
- Grand entretien. Le neuropsychiatre Boris Cyrulnik fut accueilli, enfant, après la guerre, dans une institution de Villard-de-Lans, le Gai Logis. Un lieu et une époque dont il conserve des souvenirs fragmentés.
- Plongée dans l'histoire de l'exploration du réseau du Clot d'Aspres, qui dépasse les mille mètres de profondeur !
- Un carnet de saveurs, réunissant de bonnes adresses et de bons produits du Vercors. -
Comment se représente-t-on les Alpes à l'autre bout du monde ? Quel regard les artistes, écrivains, scientifiques, voyageurs japonais, sud-africains, canadiens, papous portent-ils sur l'arc alpin ? En quoi leur vision « géo-décentrée » peut-elle enrichir nos propres connaissances ?Au sommaire de ce numéro :
- Dix-neuf mois de voyage à travers les États-Unis et l'Europe en bateau et en train, dix-neuf mois de visites d'usines, d'hôpitaux, d'écoles, dix-neuf mois de réceptions : de 1871 à 1873, la délégation japonaise conduite par le prince Iwakura ne ménage pas ses efforts pour comprendre l'Occident afin de moderniser le Japon et renégocier les traités commerciaux. Avec un grand sens de l'observation, le jeune Kume Kunitake consigne le détail de ce voyage officiel qui passe aussi... par les Alpes suisses.
- La Canadienne Harriet Rosenberg, anthropologue et historienne, n'est qu'une jeune étudiante quand elle parcourt les Hautes-Alpes en autostop dans les années 1970 à la recherche du village qui deviendra l'objet de sa thèse. Ce sera Abriès dans le Queyras.
- Avec le photographe Marc Dozier, le Papou Mundiya Kepanga fait son tour de France, découvrant l'étrange tribu des Français. Dans son livre Au pays des Hommes blancs, à la façon de Montesquieu et de ses Lettres persanes, l'agriculteur pose un regard plein d'humour et de philosophie sur notre monde et ses contradictions.
- La Coréenne Ji-Young Demol Park s'est installée dans les Alpes après avoir étudié, dans son pays natal, les grands maîtres européens du paysage. À quoi ressemblent les montagnes suisses ou savoyardes vues par l'oeil d'une artiste orientale ? Réponse en mots et en images.
- La Sud-Africaine Lavonne Bosman, après s'être longtemps immergée dans la vie quotidienne de l'ethnie amaXhosa, a posé ses valises à des milliers de kilomètres de son pays natal pour y photographier les habitants de deux villages des Grisons (Suisse). Les uns sont installés là depuis des générations, les autres sont des demandeurs d'asile. Un travail photographique lumineux sur les migrants d'hier et d'aujourd'hui.
- « Étage alpin », « alpinisme », « Alpes australiennes », « Alpes néo-zélandaises » : la terminologie alpine s'est imposée à la plupart des régions montagneuses du monde. Ce n'est qu'au cours du xxe siècle que le modèle alpin longtemps dominant a été bousculé et que la nécessité d'une diversité de regards s'est imposée pour rendre compte de la singularité de chacun des massifs, Alpes comprises.
Et aussi :
- Le musée de l'Ancien Évêché (Grenoble) fête ses vingt ans... comme L'Alpe dans quelques mois !
- Felix von Cube, un pionnier de l'alpinisme en Corse.
- D'une rive à l'autre. Voyage autour du Léman, la nouvelle exposition du musée du Chablais (Thonon-les-Bains). -
Il est né au coeur des Alpes et joue de la... balalaïka ! Gaspard Panfiloff organise chaque été, depuis quatre ans maintenant, la bal(l)ade de ses amis musiciens. Une tournée (pédestre !) de concerts dans les refuges qui fait résonner, comme en écho, les airs des grands compositeurs classiques sur les parois de granit entre les Savoies et le mont Viso.Cette approche « musiconoclaste » guidera les pas des lecteurs de L'Alpe au fil des pages. Qu'écoute-t-on dans la montagne ? Les cloches des vaches et des brebis, certes. Mais aussi le murmure ou le vacarme du torrent. Mais encore les craquèlements du glacier, le sifflement de la bise, le frémissement du couvert forestier, l'alerte de la marmotte que nos cousins québécois appellent si justement « siffleux ». Et bien d'autres choses.Le chef d'orchestre de L'Alpe vous a mitonné un arrangement composé de partitions de musique illustrées de paysages alpins issues des collections du musée de la Montagne de Turin, d'un entretien avec André Manoukian qui dirige une résidence d'artistes à Chamonix, de portraits de jeunes trublions helvétiques de la musique traditionnelle, d'un portfolio noir et blanc sur les violoneux. Et pour finir, un panorama très complet des grands festivals musicaux de l'été avec un agenda détaillé et les coups de coeur de la rédaction.
Cette symphonie alpestre en mots et en images se poursuivra par de nombreuses illustrations sonores en accès libre sur le site Internet de la revue. Bonne écoute !
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Ce numéro spécial de la revue L'Alpe est entièrement dédié à un territoire riche de sa diversité culturelle et géographique, mais qui se sent souvent ignoré des médias. À l'extrême sud-est de l'Hexagone, les trois départements des Alpes-de-Haute-Provence, des Hautes-Alpes et des Alpes-Maritimes voient leurs montagnes dévaler depuis les grands sommets de plus de 3000 mètres d'altitude jusqu'aux rivages maritimes.Comment la montagne a-t-elle marqué l'identité des hommes et des femmes des Alpes du Sud ? À quel point ces Alpes-carrefour, terres de passages et de migrations, sont-elles tournées vers la mer ? Comment les habitants ont-ils su se forger une identité ? Méridionalité ? Alpinité ? Méditerranéité ?
D'ailleurs, existe-t-il une et une seule identité propre aux Alpes du sud ? Probablement si l'on raisonne en termes d'opposition frontale aux Alpes du nord, aux verts pâturages dauphinois arrosés ou aux stations de sports d'hiver savoyardes. Mais pour le reste ? Quoi de commun entre petits hameaux du Briançonnais au nord et villages perchés au-dessus de la mer ? Alors, une histoire commune aux Alpes du Sud ? Pas même. Le comté de Nice, qui regroupe la majeure partie des Alpes-Maritimes n'est français que depuis 150 ans (et même moins pour quelques vallées reculées !).
C'est ce kaléidoscope de savoir-faire, de traditions et de cultures qu'explore ce numéro de L'Alpe en tentant non de lui plaquer une identité forcément réductrice mais bien de dévoiler les quelques grands traits communs et surtout les infinies petites variations qui rendent ce territoire si attachant.Également au sommaire de ce numéro :
- Clarence Bicknell, un érudit anglais découvreur des gravures protohistoriques de la vallée des Merveilles - Le Queyras, comme archétype de l'alpe - Les Alpes de Giono - Portfolio : les gueules d'alpages du photographe Patrick Domeyne - Le développement du tourisme et les (nombreuses !) routes patrimoniales - Le poids des parcs naturels - La grande tablée des produits du terroir - Et nos pages pratiques pour partir à la découverte des jardins secrets des Alpes du Sud. -
L'Alpe souffle ses 20 bougies. Une belle réussite dans le monde des revues ! Ce numéro anniversaire revient sur les évolutions et les événements marquants qui ont changé le visage des Alpes européennes ces deux dernières décennies et surtout, se projette avec fantaisie et délectation sur nos 20 prochaines années !En 1998 L'Alpe naissait de la volonté de valoriser les cultures et patrimoines alpins à l'échelle européenne. Le titre de son premier numéro, qui est aussi celui de l'exposition de longue durée du Musée dauphinois (partenaire de la revue depuis ses débuts) donnait le la : « Gens de l'Alpe ». Mettre l'humain au coeur de ses sujets : plus qu'une marque de fabrique, une ligne de conduite.À l'occasion de cet anniversaire, le numéro 83 propose une radiographie des Alpes : - Qu'est-ce qui a changé dans les Alpes ces vingt dernières années ? Quelles tendances au long cours peut-on dégager ? - Quels défis doit relever le tourisme montagnard ? - Qui sont les néo-alpins ?- Pourquoi et comment faut-il éduquer à la montagne ? La revue questionnera également l'activité de ceux qui la font et la nourrissent (acteurs culturels, musées, chercheurs, auteurs, artistes, etc.) :- Qu'est-ce qu'être un musée alpin aujourd'hui ? Quelles politiques culturelles mener ?- Pourquoi les questions alpines intéressent-elles tant la recherche universitaire ?L'Alpe n'est pas la seule à fêter son anniversaire cette année : la Bibliothèque nationale autrichienne célèbre ses 650 ans, le Musée gruérien ses 100 ans, le musée de la Vallée de Barcelonnette ses 30 ans, le festival Messiaen, le musée de l'Ancien Évêché comme le château de Prangins ses 20 ans, etc. Ce numéro les conviera à sa fête.
L'Alpe s'offre de nouveaux atours pour fêter ses 20 ans !Très moderne dès sa conception, la maquette L'Alpe évolue sans pour autant bouleverser les nombreux niveaux de lecture qui en font toute la richesse. Hervé Frumy, directeur artistique de la revue depuis sa création, a choisi une nouvelle typographie pour la titraille (due au graphiste bulgare Radomir Tinkov), associée à une meilleure signalisation visuelle des trois espaces qui rythment L'Alpe chaque trimestre et qui font son succès :
- Le dossier principal - Les articles de fond liés aux grands événements culturels - Le cahier rassemblant toutes les actualités de l'Europe alpine : expositions, rencontres, livres, musiques, gastronomies, cinéma, etc.
À découvrir dans le numéro 83 ! -
L'Alpe n.66 : incroyables folies alpines (visionnaires, inventeurs, fadas et autres rêveurs)
Collectif
- Glenat
- L'alpe
- 3 Septembre 2014
- 9782344003282
S'appuyant notamment sur les commémorations du bicentenaire de l'entrée du canton dans la Confédération suisse en 1815, ce numéro de L'Alpe interroge l'identité : qu'est-ce qu'être Genevois aujourd'hui ? En évoquant également la relation, complexe, de la ville avec les montagnes toutes proches. L'occasion de revenir aussi aux origines des premières occupations humaines du site (les Allobroges et l'implantation stratégique au bout du lac de Genève pour l'accès au franchissement du massif alpin entre l'Italie et la Gaule) jusqu'à la conquête du mont Blanc à l'initiative du Genevois Horace-Bénédict de Saussure en 1786. Pour autant, la revue n'oublie pas les nombreuses approches contemporaines sur Genève en s'intéressant également à la ville industrielle (horlogerie, indiennerie, etc.) et au caractère international de la cité. Au Rhône aussi, fil conducteur entre haute montagne et envie d'ailleurs ; au lac, bien sûr, devenu aujourd'hui une plaisante Riviera pour les Genevois, mais qui fut longtemps un bel outil pour le développement de la ville et le commerce ; aux hommes enfin, au travers d'un portfolio de portraits de Genevois. Genève enfin, est terre de mémoire et de culture avec la présence de nombreux et très importants musées comme le musée d'art et d'histoire, le musée international de la Réforme, le musée international de la Croix-Rouge, le musée des Suisses à l'étranger, le musée des manuscrits, le MAMCO, etc. À l'occasion de la réouverture, en octobre 2014, du Musée d'Ethnographie de Genève, L'Alpe revient plus longuement sur son histoire qui doit beaucoup à ces riches marchands genevois ayant voyagé de par le monde alors que le pays n'a jamais eu aucune colonie. Mais aussi sur la constitution de ses importantes collections alpines et sur l'avenir desdites collections.
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Il y a les animaux, comme le chamois, le bouquetin, l'ours ou le loup qui sont indissociables des paysages et des cultures alpines. Il y a aussi les créatures imaginaires et légendaires auxquelles les Alpes, univers naturel impressionnant, voire hostile, ont donné naissance. - le mythe de l'homme sauvage - le dragon : symbolique et mythologie - le culte de l'ours - les croquemitaines, êtres fantastiques - toponymie comparative : bec, crête... - le dahu - le yeti - chasses aristocratiques et populaires - bouquetins et chasses royales - les girouettes - les épouvantails - le loup en France - le loup-garou - le bestiaire médiéval - la vouivre en Valais - la salamandre - recettes contre les vipères - Alpes d'ailleurs : l'art inuit
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Depuis des siècles, les Alpes sont terres de migrations. Vers les montagnes, mais aussi aux confins du monde, en direction des quatre points cardinaux. Ce sont ces destins singuliers, de femmes et d'hommes exceptionnels, que la revue L'Alpe met en avant dans cette livraison.En 1856, un petit groupe de Fribourgeois quitte ses sommets helvétiques, prend le large et embarque sur un cargo. Destination : l'Argentine où il fondera une colonie prospère. Le Nouveau Monde attirera bien d'autres Alpins comme ces Barcelonnettes partis faire fortune au Mexique ou encore cette Marie Pantalon qui participa à la ruée vers l'or en Californie à la fin du XIXe siècle. Le phénomène n'est d'ailleurs pas récent puisque des colporteurs savoyards firent les beaux jours de la cour du tsar en Russie. De même pour les fameux Suisses du Vatican, les écaillers de la place de Paris, les commissionnaires de l'hôtel des ventes à Drouot, les célèbres petits ramoneurs ou encore les fromagers de Marseille, pour la plupart issus des vallées alpines. D'autres encore, plus récemment, comme le champion Émile Allais ou l'architecte Laurent Chappis, s'en sont allés arpenter les montagnes des antipodes pour exporter le savoir-faire alpin en matière d'aménagement de domaines skiables. En somme, les Alpes ont toujours été ouvertes sur la planète. Par nécessité bien sûr, la survie économique n'étant pas toujours facile dans ces régions reculées et inhospitalières, mais aussi par pure envie d'explorer le vaste monde.
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L'Alpe n.26 : pour écrire un mot ; montagne et littérature
Collectif
- Glenat
- L'alpe
- 8 Décembre 2004
- 9782723448727
Massif immense, vaste comme le monde et le temps, aux innombrables plis et sommets dont de nombreux itinéraires restent à gravir et à transcrire.
La ligne de crêtes qui partage les eaux des neiges éternelles de celles de l'écriture reste à cartographier. On l'aura compris, cette traversée littéraire en territoire d'altitude ne se déroule pas sur les chemins de la montagne mais sur ceux, tout aussi difficiles et combien innombrables, qui fulgurent ou jaillissent de l'imaginaire de l'homme pour rejoindre l'océan du coeur.
Quel rapport la littérature entretient-elle avec la montagne ? La réponse est simple, c'est tout un ! Toute oeuvre ne représente-t-elle pas une ascension périlleuse et toujours mortelle vers des sommets jamais atteints et des gouffres d'espérance infinie ?
Géomètre des mots, le poète lève jour après jour la topographie et les points géodésiques de cette montagne plus intime que l'intime de lui-même, condamné à ne jamais atteindre l'aube d'une crête qui toujours se dérobe.
De l'Olympe grecque au Mont-Inaccessible de l'utopie chère à Restif de la Bretonne, de la Montagne magique au Mont analogue, l'écriture reste la plus grande aventure humaine, celle qui jamais ne s'achève quand tous les champs du possible ont été gravis.
André du Bouchet, l'un des grands poètes de notre temps, récemment disparu, trace de sa plume déroutante et altière une question essentielle à l'énigme posée à l'homme par une nature abrupte et hostile :
Neige glace eau si vous êtes des mots, parlez...
Il était un lecteur assidu du Obermann d'Etienne Pivert de Senancour et de Ramond de Carbonnières, arpenteur inspiré du Voyage au Mont Perdu, et la montagne fut, sa vie durant, la source secrète de cette voix si nouvelle. La poésie, dira-t-il, force les mots à livrer leur ciel. Belle et juste définition pour l'écriture du rêve qui cherche inlassablement une ultime voie de salut par le haut et les mots.
André Pitte -
L'Alpe vous emmène sur les chemins de la Via Alpina qui relie Monaco à Trieste en traversant les huit pays alpins : Allemagne, Autriche, France, Italie, Liechtenstein, Monaco, Slovénie et Suisse. Un sentier de cinq mille kilomètres et 341 étapes parcouru un été, par plusieurs équipes de journalistes du quotidien helvétique Le Temps qui a publié, chaque jour, ces 45 récits de rencontres avec les hommes et les femmes, les cultures et les patrimoines qui jalonnent l'itinéraire. La Via Alpina, c'est enfin un itinéraire de randonnée pédestre identifié et décrit par des documents multilingues et qui est une contribution concrète à la mise en oeuvre de la Convention Alpine, pour assurer le développement durable des Alpes. Ce numéro spécial rassemble l'ensemble de ces articles et les agrémente d'une riche iconographie comme seule L'Alpe sait en dénicher. Ce grand tour sur le "Saint-Jacques-de-Compostelle des Alpes" est également complété par une carte du parcours ainsi que par plusieurs articles de fond sur la naissance du tourisme et des traversées alpines (par Jean-Paul Guérin, géographe), sur les refuges (par Nathalie Morelle) ou encore sur les enjeux géostratégiques de la Via Alpina (par Jean-Pierre Lyard).
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L'Alpe n.67 : le câble à l'assaut de la pente
Collectif
- Glenat
- L'alpe
- 17 Décembre 2014
- 9782344003299
Et si une alternative plus douce à nos modes de transports habituels voyait le jour dans les Alpes ? La transition énergétique est aujourd'hui dans tous les esprits pour remplacer le tout-pétrole ou le tout-nucléaire, mais on oublie parfois d'évoquer ces autres solutions plus douces que représentent les transports par câble, nettement moins énergivores et dont l'impact sur le foncier est quasiment négligeable. Si les premiers systèmes téléportés réalisés à partir de cordes de chanvre et de traction animale sont avérés dans les Alpes japonaises dès le XIIIe siècle ou en Autriche au XVIe siècle, funiculaires, téléphériques et autres remontées mécaniques ont bel et bien été principalement développés dans les Alpes (ainsi qu'en milieu urbain) bien avant que ne naisse la civilisation des loisirs, lors de la révolution industrielle et en parallèle avec la naissance du transport ferroviaire. Aujourd'hui, le transport par câble revient sur le devant de la scène avec des réalisations spectaculaires dans des villes comme Rio de Janeiro ou New York. Des installations dont la conception utilise l'expérience acquise en montagne dans les stations de sport d'hiver pour accroître confort et sécurité des usagers.
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L'Alpe n.38 : le sexe de l'Alpe, numéro (presque) érotique
Collectif
- Glenat
- L'alpe
- 4 Mars 2015
- 9782344006894
Les Alpes ont suscité (et de longue date !) des représentations très sensuelles de leurs reliefs, de leurs neiges et de leurs rochers, comme en témoignent ces cartes postales dessinées de la fin du XIXe siècle représentant le sommet de la Jungfrau (la vierge) dans des poses parfois très lascives.Beaucoup de légendes des montagnes s'appuient également sur les lignes d'une crête, la forme d'une falaise, la gorge d'un torrent qui évoquent le galbe d'une hanche, les courbes généreuses d'un sein, le visage d'une femme à la longue chevelure, la silhouette d'un couple enlacé ou la forme dressée d'un phallus.Si le premier nu féminin au sommet du mont Blanc fut réalisé dans l'entre-deux-guerres, les Alpes ont servi de décor aux premières photos coquines dès le début du XXe siècle.Les alpinistes partaient d'ailleurs autrefois « déflorer » des sommets vierges et ils y plantaient même parfois des statuettes de. la Vierge. Aujourd'hui, il ne reste quasiment plus de sommets inviolés, mais certains montagnards sont devenus adeptes de la randonnée. nue !Enfin, que dire de ces pages issues de l'enfer de la littérature alpine qui font la part belle aux grivoiseries, voire de ces romans érotiques ? Car après tout, un couple, légitime ou pas, ne doit pas passer impunément une nuit sous tente en altitude. Quant à l'écrivain Nabokov, sulfureux auteur de Lolita, qui vécut ses dernières années sur les hauteurs de Lausanne, on dit que son goût pour la chasse au papillon devait beaucoup à la forme des ailes déployées qui lui évoquaient l'image d'un. sexe féminin ! Les sciences humaines ne sont pas les dernières à s'être intéressées à la gaudriole. Ainsi, dans les montagnes suisses, attitudes et comportements sexuels jouaient un rôle central dans les luttes de pouvoir aux XVIIIe et XIXe siècles.Certains villages de montagne, hauts lieux de passages, de transhumances et de colportages, recelaient même des maisons closes.Et au fond, que savons-nous des galipettes printanières des petits bergers sur l'alpage ?
Réponses dans le numéro de printemps de la revue L'Alpe.Avec la sève qui monte, un numéro diablement érotique !
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L'Alpe n.69 : alpinisme : patrimoine de l'humanité ?
Collectif
- Glenat
- L'alpe
- 3 Juin 2015
- 9782344008089
En 1865, une belle moisson de premières ascensions (dont celle du mythique Cervin) marque d'une pierre blanche l'histoire d'une activité vieille de moins d'un siècle. L'alpinisme connaît ainsi un âge d'or et lance un mouvement qui va bouleverser le monde alpin.Désormais, on gravit les cimes non pas pour des raisons scientifiques ou pour vaincre des pics vierges mais pour le seul plaisir de découvrir de nouveaux itinéraires ou d'affronter des difficultés de plus en plus grandes. Et d'explorer les moindres recoins de ce fabuleux « terrain de jeu de l'Europe », selon la célèbre formule de l'écrivain anglais Leslie Stephen.
En majorité anglo-saxons au début, les alpinistes vont être le moteur du développement des voies de communication, des transports et de l'hébergement. L'arrivée de ces sportifs d'origine citadine jusqu'au fond des vallées les plus reculées va aussi profondément transformer le mode de vie traditionnel des montagnards.
Cette nouvelle pratique, avec la notion de cordée, va notamment faire naître des liens forts entre ces gentlemen et leurs guides locaux, et être à l'origine d'un nouveau métier qui se professionnalisera peu à peu avec la création de compagnies organisées, mais aussi avec la construction de refuges.
Dans la foulée de l'Alpine Club britannique, des clubs alpins sont également fondés partout en Europe, générant toute une littérature spécifique, tandis que la connaissance des Alpes se diffuse largement avec l'arrivée de la photographie de montagne, puis du cinéma.Aujourd'hui, qu'est devenue cette pratique qui s'est fortement diversifiée en un siècle et demi tout en conservant une profonde tradition culturelle ?
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De l'eau, du bois, de la pierre, de la laine, du minerai... et des hommes ! La richesse des ressources a propulsé les Alpes dans l'ère industrielle. En témoignent une mémoire ouvrière et un patrimoine original toujours vivants. Une fabuleuse histoire humaine.
Au fil des décennies, certaines industries ont disparu, d'autres ont connu des évolutions. Fortement inscrite dans le paysage et dans la société, cette histoire qui se poursuit aujourd'hui sous des formes diverses, suscite un nouvel intérêt et le tourisme industriel se développe. Du charbon au chocolat, de l'acier à la micro-électronique, de la chaussure au décolletage, du papier aux microfibres, panorama d'un patrimoine architectural et humain à la mémoire toujours vive. -
L'Alpe n.55 : Grenoble, une ville à la montagne ; regards d'ailleurs
Musée dauphinois
- Glenat
- L'alpe
- 14 Décembre 2011
- 9782723481731
Fidèle à son vocation d'aller explorer l'autre côté du miroir, L'Alpe est allé chercher des auteurs venus d'ailleurs qui proposent une approche inédite de la capitale des Alpes.Depuis les Jeux olympiques d'hiver de 1968, Grenoble a connu une croissance urbaine très forte. Elle reçoit aujourd'hui plusieurs dizaines de milliers d'étudiants, dont de très nombreux étrangers. Une tradition d'accueil et d'ouverture qui ne date pas d'hier puisque se sont succédé ici, communautés italiennes, grecques, arméniennes, africaines ou maghrébines. Attirées par un bassin d'emploi en plein développement, mais aussi par un environnement montagnard exceptionnel que nombre d'autres sites urbains peuvent lui envier. Curieusement, la cité auto-proclamée « capitale des Alpes », n'a pourtant guère suscité de regards venus d'ailleurs sur la ville, mais aussi sur sa relation à ses montagnes (Belledonne, Chartreuse et Vercors), voire au-delà comme l'Oisans, ou même à des villes comme Innsbruck avec laquelle Grenoble est jumelée. Pour regarder l'envers du décor, L'Alpe est donc allé chercher des auteurs qui, du photographe Robert Doisneau jusqu'à l'alpiniste parisien Robert Paragot, du navigateur Gérard Janichon à Jean-Jacques Rousseau, proposent autant de regards curieux et interrogateurs sur cette ville où la rédaction de la revue a fait son nid depuis 1998, et que nous ferons (re)découvrir avec les yeux de Candide.
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Panorama de toutes les fêtes alpines qui se déroulent entre la Saint-Nicolas début décembre et les diverses manifestations carnavalesques à la fin de l'hiver.
Mascarades de la combe Froide, danses d'épées de la Saint-Vincent, fêtes masquées, bouffons fouetteurs et autres foires marquent la persistance de traditions, profanes et sacrées, solidement ancrées dans les cultures et le patrimoine commun de l'arc alpin européen. -
La montagne a généré un habitat particulier. Aujourd'hui, ce patrimoine bâti montagnard est menacé par la pression foncière et la banalisation architecturale. Il est urgent d'imaginer les modèles de développement urbanistique de la montagne de demain. L'occupation des Alpes s'est accomplie à un rythme très lent. De nombreux obstacles expliquent la lenteur de cette conquête : la difficulté de s'implanter sur de fortes pentes boisées et les causes surnaturelles (avalanches ou glissements de terrain). Toutefois, la plus déterminante des explications réside dans l'adaptation d'une activité agraire mixte, propre à la plaine, à une économie de montagne où l'élevage des animaux devient dominant. Il a fallu concevoir un habitat adapté au stockage de grandes quantités d'herbe pour les longs hivers où bêtes et gens sont confinés à l'intérieur. Cette économie traditionnelle millénaire, a volé en éclat avec les nouveaux usages de la montagne qui se sont développés depuis un siècle. Si les stations d'altitude créées ex nihilo ont fait l'objet, avec plus ou moins de bonheur, d'une certaine recherche d'intégration à l'environnement naturel, il n'en va pas de même, loin s'en faut, de l'extension des villages existants, à quelques exceptions notables. La conservation du patrimoine architectural et une réflexion sur les manières d'habiter la montagne à l'avenir sont pourtant des devoirs des populations alpines.
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Côté ubac. Terribles glacières chères à Rousseau, géante rêvée par Baudelaire, crêtes, collines, crevasses, les termes abondent qui conjuguent la montagne au féminin. L'homme s'abîme avec fascination dans celle qu'il devine comme une amante ou une épouse ambivalente, tautologique comme la mer ou la roche originelle. Magique et dangereuse, maternelle et heureuse, toute l'ambiguïté est là ! Une goule qui sait gronder et mordre. Incarnation et mort rythment les pulsations de cette rivale terrible. En témoigne le mythe de la fiancée esseulée qui recouvre, au seuil de sa mort, le corps de son amant disparu dans les entrailles du glacier. Côté adret. La femme est l'avenir de l'homme. Peut-être est-elle aussi son passé, la mémoire de son enfance et de ses vallées perdues ? Colporteurs, instituteurs, maçons, saisonniers, chaque année, durant de longs mois, les hommes sont au loin, très loin. Ils voyageaient l'Europe en vendant leurs savoir-faire qui n'étaient pas minces. Leurs compagnes? Elles sont là, bien présentes, avec des responsabilités et des libertés souvent plus grandes que la plupart des femmes d'en-bas et à plus forte raison que celles de la Méditerranée. Sur la totalité de l'arc alpin, le tableau ne saurait certes être unique. D'où la nécessité de dépoussiérer les images anciennes. Côté sommet. Qu'il faut tenter de vaincre. Arétius, un auteur de la fin du XVIe siècle, nous rapporte qu'il découvrit gravés sur une cime, non seulement des noms, mais des portraits, des vers et même des proverbes, dont il cite l'exemple suivant, écrit en grec : "l'amour des montagnes est le meilleur. Chacun à sa manière, au plus profond du coeur, gravit une montagne abrupte et singulière. Femme entre toutes les femmes, elle demeure tout au long des saisons, la cime indépassable qui chaque jour s'éclaire et s'estompe la nuit. L'atteindre par surprise, à la pointe de l'aube un matin de grand beau, et rassembler enfin les deux parts de nos rêves."
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Un almanach ! Le mot est énigmatique et fait rêver. De l'arabe al-manakh, probablement du radical syriaque ma : lune, mois. Le genre est ancien et usé, peut-être même ringard. Tentons, malgré tout, de relever le défi avec un regard sans passéisme, en laissant toute sa place à l'altérité et à l'actualité de la mosaïque européenne des cultures alpines. Le tout, comme à l'ordinaire, dans des habits aussi beaux que ceux des numéros thématiques de L'Alpe. Chaque année, la parution d'automne devrait être consacrée à cet exercice périlleux. La loi du genre se nomme éclectisme et nous ne nous priverons pas de l'être une fois l'an. De nombreuses propositions d'articles nous parviennent qui ne trouvent place dans les livraisons habituelles. Ce rendez-vous sera l'occasion d'une célébration ludique des multiples reflets de cette montagne magique.
Comme toujours dans un almanach, les pages iront au rythme d'un calendrier des saisons accompagné d'observations astronomiques, de conseils pratiques concernant les travaux et les jours, mais aussi de mille informations sur l'arc alpin. D'une brassée de ces innombrables trésors que des générations de chercheurs et de curieux ont engrangés avec gourmandise. Et en contrepoint, la découverte des hommes et des créations qui irriguent les Alpes d'aujourd'hui.
Notre seul désir, partager le bonheur d'une traversée annuelle de l'Alpe, comme un premier sommet d'enfance, une transhumance vers l'herbe nouvelle de la montagne, quelque chose qui ressemblerait à la fête de l'unique jour de liberté d'une charmante et imprudente chevrette. Réenchanter une montagne banalisée pourrait définir notre ambition. -
Éxiste-t-il un bon air dans les montagnes, un air qui favoriserait la santé ou la guérison de la maladie ? Nul ne peut l'affirmer, mais le tourisme d'altitude naît au XIXe siècle de la certitude que la pollution est moins forte au voisinage des sommets que dans les banlieues enfumées et malsaines nées de la révolution industrielle. Justement, n'est-ce pas là qu'apparaît à la même époque un fléau épidémiologique comparable par son ampleur à la peste noire médiévale ? La tuberculose va durant un siècle mobiliser la science médicale et entraîner la construction en montagne d'immenses complexes hospitaliers. Certes des vies seront sauvées, mais à quel prix ? Déracinement de longue durée, mutilations douloureuses et souvent inutiles, cohabitation et ségrégation sexuelle comparables à la vie carcérale, monastique ou militaire sont les marques infamantes de cet isolement du malade dans ces casernes médicalisées que furent les sanatoria alpins. La contrepartie positive de ces traitements trop souvent barbares et peu efficaces, jusqu'à l'avènement des antibiotiques qui trouvent aujourd'hui leurs limites, s'énonce en un mot : le temps, infiniment de temps pour le rêve, l'étude, voire dans le meilleur des cas, la création. Des poètes, des écrivains, des artistes innombrables, et non des moindres, ont sublimé leurs souffrances et leur ennui dans des uvres qui n'auraient jamais vu le jour sans cette incarcération montagnarde subie et consentie. Comme le remarque avec pertinence Stefan Zweig entre les deux guerres dans une formule saisissante reprise un plus tard par un malade dans le titre d'un récit poignant : "La maladie est le luxe des pauvres". En dépit de la reconversion médicale et touristique inévitable et heureuse de ces établissements, la nature sauvage, l'air pur de la montagne, son soleil éclatant, ses forêts de conifères et ses panoramas demeurent encore pour un temps un symbole puissant de la santé physique et morale.
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L'Alpe n.29 : nouvelles traversées ferroviaires
Collectif
- Glenat
- L'alpe
- 5 Octobre 2005
- 9782723451710
En accompagnement d'un colloque international et d'une grande exposition à Chambéry cet automne, le revue L'Alpe publie un numéro sur les traversées alpines. Sont notamment évoqués le tout premier tunnel, percé au Mont Viso entre la France et l'Italie dès le XVIe siècle, la relation historique du franchissement des Alpes avec les grands passages naturels et artificiels depuis la préhistoire jusqu'au troisième millénaire ainsi que la grande saga de la conquête des Alpes par le rail. Mais cet opus consacre surtout une large place aux quatre projets titanesques de nouvelles percées ferroviaires et à leurs enjeux européens : Lotschberg en Suisse (à l'horizon 2007), Gothard entre la Suisse et l'Italie (2015, portfolio du percement du Gothard), Brenner entre l'Autriche et l'Italie (2017) et Lyon-Turin (2020). Le tout avec des éclairages inattendus comme une réflexion sur le mythe des grands travaux, la vie quotidienne d'un tunnelier sur ces grands chantiers, un débat sur le vrai prix des transports ou encore la vision "candide visionnaire" du géographe sur les nouvelles aires d'attraction. Qu'est-ce que ces réalisations vont changer pour les habitants (commerce, études des enfants, voyages, santé, attirances linguistiques...) ? Une carte générale de l'arc alpin avec les états actuels et futurs, pour le rail et la route, complète ce dossier et permet de faire le point sur ce sujet très sensible pour le développement et l'environnement des Alpes.
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En avril 1896, sous l'impulsion de quelques visionnaires, dont Pierre de Coubertin, les Jeux olympiques, créés en 776 avant notre ère et abandonnés au début de Ve siècle après Jésus-Christ, renaissent à Athènes. Après de longues hésitations, l'année 1924 ouvre l'ère des Jeux olympiques d'hiver dans les Alpes, à Chamonix. Saint-Moritz, Lake Placid, Garmisch-Partenkirchen, Oslo, Cortina d'Ampezzo, Squaw Valley, Innsbruck, Grenoble, Sarajevo, Albertville, Lillehammer, Nagano, Salt Lake City et enfin Turin en 2006 : ces noms prestigieux égrènent une litanie à la gloire de la glisse et de la neige. Avant même que les athlètes ne s'affrontent, des enjeux financiers colossaux font de ces Jeux d'hiver une compétition politique internationale. Car, ne nous y trompons pas, avant le sport, c'est d'abord d'économie qu'il s'agit. Pour ne prendre qu'un exemple alpin, la ville de Grenoble a connu un développement considérable à partir de 1968. Toute une économie du sport d'hiver mais aussi de la communication trouve là une vitrine exceptionnelle. Les techniques et matériels des pratiques sportives se forgent à ce banc d'essai où les meilleurs s'affrontent. Architecture des stations, construction des infrastructures nécessaires à l'accueil des sportifs et du public, voire créations artistiques et réhabilitation du patrimoine montagnard, c'est toute l'activité d'une région qui se met à tourner à plein régime pour accueillir les Jeux. Sans oublier les retombées touristiques à venir mais aussi les implantations d'entreprises, corollaire de ce puissant coup de projecteur. Et surtout les athlètes, dont la gloire porte sur les cimes toute la richesse du monde.
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Une évidence, le plaisir de nos papilles est menacé. Cinquante années d'agriculture intensive et son corrollaire de la grande distribution ont nourri à satiété nos sociétés au prix d'une réduction drastique de la biodiversité et d'un appauvrissement du goût des aliments. Ce qui est vrai un peu partout l'est aussi dans les Alpes.
Contre toute attente les récits des voyageurs des temps anciens nous montrent une société frugale soumise à la dure loi de la nécessité. Des soudures parfois difficiles à la fin de l'hiver où loin s'en fallait de manger tous les jours à sa faim. L'avènement du tourisme créera de toutes pièces la notion de goût chère à Brillat-Savarin, et plus récemment avec Curnonsky, prince des gastronomes, celle de terroir.Si Rodolphe Topfer au début du XIXe siècle peut vanter à juste titre les succulentes poulardes de Boëge en Savoie ou les truites fameuses d'un torrent alpin, d'autres agapes rustiques évoquent plus sûrement le recul d'Alexandra David-Neel devant un plat dans une pauvre maison du plateau tibétain.
Depuis un demi-siècle, pour la première fois de notre histoire le plus grand nombre mange à sa faim. S'il n'en fut pas toujours ainsi, il n'en reste pas moins que les nombreux jours chômés compensaient la monotonie des jours ordinaires. Car on savait faire la fête, baffrer et s'enivrer quand l'occasion s'en présentait, et exprimer son contentement en paroles et en chansons avec une verdeur que nous imaginons mal aujourd'hui.
De ce patrimoine vernaculaire, que reste-t-il aujourd'hui ?