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MARCEL AYMONIN
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«Oui, j'y voyais clair soudain : la plupart des gens s'adonnent au mirage d'une double croyance : ils croient à la pérennité de la mémoire (des hommes, des choses, des actes, des nations) et à la possibilité de réparer (des actes, des erreurs, des péchés, des torts). L'une est aussi fausse que l'autre. La vérité se situe juste à l'opposé : tout sera oublié et rien ne sera réparé. Le rôle de la réparation (et par la vengeance et par le pardon) sera tenu par l'oubli. Personne ne réparera les torts commis, mais tous les torts seront oubliés.»
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«La seule chose que je désirais [...] profondément, avidement, c'était un regard lucide et désabusé. Je l'ai trouvé enfin dans l'art du roman. C'est pourquoi être romancier fut pour moi plus que pratiquer un genre littéraire parmi d'autres ; ce fut une attitude, une sagesse, une position ; une position excluant toute identification à une politique, à une religion, à une idéologie, à une morale, à une collectivité ; une non-identification consciente, opiniâtre, enragée, conçue non pas comme évasion ou passivité, mais comme résistance, défi, révolte. J'ai fini par avoir ces dialogues étranges : Vous êtes communiste, monsieur Kundera ? - Non, je suis romancier. Vous êtes dissident ? - Non, je suis romancier. Vous êtes de gauche ou de droite ? - Ni l'un ni l'autre. Je suis romancier.» Milan Kundera, Les Testaments trahis. Dans Le Rideau, Milan Kundera oppose à la «morale de l'archive», qui justifie la publication de tout ce qu'un auteur a pu écrire, la «morale de l'essentiel» : seuls appartiennent à l'oeuvre les textes que l'auteur juge dignes d'être retenus. Le reste relève de la biographie, peut-être des marges de l'oeuvre, non de l'oeuvre elle-même. La présente édition ne propose donc pas des Oeuvres complètes, mais une Oeuvre, complète dans la mesure où l'auteur en a lui-même dessiné les contours, fixé le titre et arrêté la présentation. Au sommaire de ces deux volumes figurent un recueil de nouvelles, neuf romans, une pièce de théâtre dont le point de départ est un roman et quatre essais consacrés pour l'essentiel à l'art du roman : quinze livres où se réalise pleinement la volonté esthétique de Milan Kundera, mûre, consciente, assumée. Le texte de ces livres, souvent retouché par l'auteur à l'occasion de rééditions ou de simples réimpressions, se veut aussi définitif que possible. On chercherait en vain, dans cette édition, une biographie de Kundera. On y trouvera en revanche la biographie de son oeuvre. En quinze chapitres, un par livre, François Ricard retrace le destin de ces livres et évoque les circonstances de leur publication, de leur diffusion, de leur réception. Ces chapitres sont enrichis d'extraits de déclarations, de notes ou de préfaces dues à Milan Kundera : autant d'écrits jusqu'alors difficilement accessibles, voire inédits en français.
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Oeuvres Tome 1 et Tome 2
Milan Kundera
- GALLIMARD
- Bibliotheque De La Pleiade
- 3 Janvier 2017
- 9782072711329
«La seule chose que je désirais [...] profondément, avidement, c'était un regard lucide et désabusé. Je l'ai trouvé enfin dans l'art du roman. C'est pourquoi être romancier fut pour moi plus que pratiquer un "genre littéraire" parmi d'autres ; ce fut une attitude, une sagesse, une position ; une position excluant toute identification à une politique, à une religion, à une idéologie, à une morale, à une collectivité ; une non-identification consciente, opiniâtre, enragée, conçue non pas comme évasion ou passivité, mais comme résistance, défi, révolte. J'ai fini par avoir ces dialogues étranges : "Vous êtes communiste, monsieur Kundera ? - Non, je suis romancier." "Vous êtes dissident ? - Non, je suis romancier." "Vous êtes de gauche ou de droite ? - Ni l'un ni l'autre. Je suis romancier."» Milan Kundera, Les Testaments trahis. Dans Le Rideau, Milan Kundera oppose à la «morale de l'archive», qui justifie la publication de tout ce qu'un auteur a pu écrire, la «morale de l'essentiel» : seuls appartiennent à l'oeuvre les textes que l'auteur juge dignes d'être retenus. Le reste relève de la biographie, peut-être des marges de l'oeuvre, non de l'oeuvre elle-même. La présente édition ne propose donc pas des Oeuvres complètes, mais une Oeuvre, complète dans la mesure où l'auteur en a lui-même dessiné les contours, fixé le titre et arrêté la présentation. Au sommaire de ces deux volumes figurent un recueil de nouvelles, dix romans, une pièce de théâtre dont le point de départ est un roman et quatre essais consacrés pour l'essentiel à l'art du roman : seize livres où se réalise pleinement la volonté esthétique de Milan Kundera, mûre, consciente, assumée. Le texte de ces livres, souvent retouché par l'auteur à l'occasion de rééditions ou de simples réimpressions, se veut aussi définitif que possible. On chercherait en vain, dans cette édition, une biographie de Kundera. On y trouvera en revanche la biographie de son oeuvre. En seize chapitres, un par livre, François Ricard retrace le destin de ces livres et évoque les circonstances de leur publication, de leur diffusion, de leur réception. Ces chapitres sont enrichis d'extraits de déclarations, de notes ou de préfaces dues à Milan Kundera : autant d'écrits jusqu'alors difficilement accessibles, voire inédits en français.
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Audience : vernissage ; pétition
Václav Havel
- GALLIMARD
- Du Monde Entier
- 3 Septembre 1980
- 9782070212606
Vaclav Havel fait son apparition sur la scène de la vie publique tchèque au cours des années soixante. Il travaille dans un petit théâtre pragois, Na Zabradli, qui est devenu l'un des symboles de l'atmosphère fiévreuse de ces années, l'un des centres de l'avant-garde de l'époque. Là il écrit deux pièces sans lesquelles on ne pourrait se représenter les années soixante en Bohême : La fête en plein air et La notification. Ces pièces sont un développement très original et irremplaçable de ce qu'on appelle le «théâtre de l'absurde» : si le théâtre de Ionesco est une critique de la langue, le régime totalitaire a créé une telle parodie du langage que lorsque Havel pratiqua cette critique générale de la langue, cela devint d'emblée une démystification des relations sociales concrètes. Les trois pièces en un acte publiées dans ce recueil sont écrites dix ans plus tard, à l'époque où Havel, après l'invasion russe, a été chassé du théâtre. (Signataire de la Charte 77, il a vécu sous une pression policière presque ininterrompue.) Elles sont plus réalistes que son oeuvre précédente. Images de la société de «normalisation», elles sont ancrées dans la biographie de l'auteur : les sondages lucides et ironiques de l'indifférence, du conformisme et de la résistance dans des conditions difficilement imaginables en Occident.