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Ton absence n'est que ténèbres
Jón Kalman Stefansson
- Grasset
- En Lettres D'ancre
- 5 Janvier 2022
- 9782246827993
Un homme se retrouve dans une église, quelque part dans les fjords de l'ouest, sans savoir comment il est arrivé là, ni pourquoi. C'est comme s'il avait perdu tous ses repères. Quand il découvre l'inscription « Ton absence n'est que ténèbres » sur une tombe du cimetière du village, une femme se présentant comme la fille de la défunte lui propose de l'amener chez sa soeur qui tient le seul hôtel des environs. L'homme se rend alors compte qu'il n'est pas simplement perdu, mais amnésique : tout le monde semble le connaître, mais lui n'a aucune souvenir ni de Soley, la propriétaire de l'hôtel, ni de sa soeur Runa, ou encore d'Aldis, leur mère tant regrettée. Petit à petit, se déploient alors différents récits, comme pour lui rendre la mémoire perdue, en le plongeant dans la grande histoire de cette famille, du milieu du 19ème siècle jusqu'en 2020. Aldis, une fille de la ville revenue dans les fjords pour y avoir croisé le regard bleu d'Haraldur ; Pétur, un pasteur marié, écrivant des lettres au poète Hölderlin et amoureux d'une inconnue ; Asi, dont la vie est régie par un appétit sexuel indomptable ; Svana, qui doit abandonner son fils si elle veut sauver son mariage ; Jon, un père de famille aimant mais incapable de résister à l'alcool ; Pall et Elias qui n'ont pas le courage de vivre leur histoire d'amour au grand jour ; Eirikur, un musicien que même sa réussite ne sauve pas de la tristesse - voici quelques-uns des personnages qui traversent cette saga familiale hors normes. Les actes manqués, les fragilités et les renoncements dominent la vie de ces femmes et hommes autant que la quête du bonheur. Tous se retrouvent confrontés à la question de savoir comment aimer, et tous doivent faire des choix difficiles.
Ton absence n'est que ténèbres frappe par son ampleur, sa construction et son audace : le nombre de personnages, les époques enjambées, la puissance des sentiments, la violence des destins - tout semble superlatif dans ce nouveau roman de Jón Kalman Stefánsson. Les récits s'enchâssent les uns dans les autres, se perdent, se croisent ou se répondent, puis finissent par former une mosaïque romanesque extraordinaire, comme si l'auteur islandais avait voulu reconstituer la mémoire perdue non pas d'un personnage mais de l'humanité tout entière. Le résultat est d'une intensité incandescente.
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Une inoubliable passion amoureuse, après le chef-d'oeuvre du Magicien, par un des maîtres de la fiction contemporaine.
Tout bascule lorsqu'un inconnu à l'accent irlandais frappe à la porte d'Eilis Lacey. Après vingt ans de mariage, Tony et elle profitent du confort offert par les années 1970 aux familles américaines. Installés à Long Island, ils ont deux enfants, bientôt adultes, et mènent une vie tranquille où les seuls tracas proviennent de l'oppressante belle-famille italienne d'Eilis. Mais en apprenant au seuil de sa maison que Tony l'a trompée et qu'une autre femme attend un enfant de lui, ce bonheur patiemment construit vole en éclats.
Sans promesse de retour, elle part en Irlande, à Enniscorthy. Rien n'a changé dans sa ville natale, ce monde clos où, de générations en générations, tout se sait sur tout le monde. Alors qu'il a repris le pub familial, même Jim Farrell est resté tel qu'il était vingt ans plus tôt, pendant l'été qu'Eilis et lui avaient passé ensemble, bien qu'elle fût déjà secrètement fiancée à Tony. La blessure du départ d'Eilis est toujours vive mais son retour ravive cet amour de jeunesse - et l'Amérique s'éloigne plus que jamais...
Situé à l'interstice entre deux mondes, Long Island offre des retrouvailles bouleversantes avec Eilis Lacey dont les lecteurs de Brooklyn se souviennent encore. Quinze après la publication de ce best-seller, Colm Tóibin fait la démonstration magistrale de ses talents de romancier avec un inoubliable portrait de femme.
Traduit de l'anglais (Irlande) par Anna Gibson -
Nous nous verrons en août
Gabriel García Márquez
- Grasset
- En Lettres D'ancre
- 13 Mars 2024
- 9782246836322
Nous nous verrons en août est le roman inédit de Gabriel Garcia Marquez, prix Nobel de littérature en 1982. Cette sortie mondiale est un événement éditorial majeur qui advient une dizaine d'années après la disparition de l'écrivain colombien, en 2014.
Chaque seize août, Ana Magdalena Bach prend un ferry pour se rendre sur une île des Caraïbes où est enterrée sa mère. Malgré la splendeur d'une lagune peuplée de hérons bleus, elle se contente de déposer un bouquet de glaïeuls sur sa tombe, ne passe qu'une nuit dans le vieil Hotel del Senador et retourne chez elle avec le bac du lendemain. Mais l'été de ses quarante-six ans, ses habitudes sont bouleversées. Le soir du seize août, Ana Magdalena remarque un homme qui finit par lui offrir un verre sur un fond de boléro. Lorsqu'elle se retrouve avec lui dans sa chambre, elle réalise que c'est la première fois qu'elle trompe son mari Domenico.
Prise pour une prostituée par cet homme dont elle ne connaît même pas le nom, Ana Magdalena repense sans cesse à lui. Enfin de retour sur l'île, le seize août suivant, Ana Magdalena ne retrouve pas son amant. Débute néanmoins une nouvelle phase de sa vie où chaque été, elle connaîtra une nouvelle aventure. De l'évêque en vacances au tueur en série en passant par l'ami d'enfance, Ana Magdalena multiplie les rencontres estivales tout en laissant son mariage partir à vau-l'eau. Lorsqu'elle comprendra la raison pour laquelle sa mère a choisi ce coin des Caraïbes comme ultime demeure, cette spirale érotique pourra-t-elle enfin se terminer ?
Nous nous verrons en août est un roman d'une intense sensualité. Avec la découverte de la passion à l'âge mur, Gabriel Garcia Marquez déploie tout son humour pour brosser le portrait d'une femme libre. Des retrouvailles avec un immense écrivain autant qu'une publication historique. -
Lumière d'été, puis vient la nuit
Jón Kalman Stefánsson
- Grasset
- En Lettres D'ancre
- 26 Août 2020
- 9782246823582
Dans un petit village des fjords de l'ouest, les étés sont courts. Les habitants se croisent au bureau de poste, à la coopérative agricole, lors des bals. Chacun essaie de bien vivre, certains essaient même de bien mourir. Même s'il n'y a ni église ni cimetière dans la commune, la vie avance, le temps réclame son dû.
Pourtant, ce quotidien si ordonné se dérègle parfois : le retour d'un ancien amant qu'on croyait parti pour toujours, l'attraction des astres ou des oiseaux, une petite robe en velours sombre, ou un chignon de cheveux roux. Pour certains, c'est une rencontre fortuite sur la lande, pour d'autres le sentiment que les ombres ont vaincu - il suffit de peu pour faire basculer un destin. Et parfois même, ce sont les fantômes qui s'en mêlent...
En huit chapitres, Jón Kalman Stefánsson se fait le chroniqueur de cette communauté dont les héros se nomment Davíð, Sólrún, Jónas, Ágústa, Elísabet ou Kristín, et plonge dans le secret de leurs âmes. Une ronde de désirs et de rêves, une comédie humaine à l'islandaise, et si universelle en même temps. Lumière d'été, puis vient la nuit charme, émeut, bouleverse.
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Personne n'aurait pu prédire un avenir aussi extraordinaire à ce garçon né dans une famille provinciale, bourgeoise et aisée du nord de l'Allemagne. Mais le jeune homme s'appelle Thomas Mann, et il se forgera un destin hors du commun. Une oeuvre littéraire couronnée par le prix Nobel, une vie familiale mouvementée et souvent dramatique, et la traversée de toutes les tragédies politiques de la première moitié du siècle - voilà comment on pourrait résumer la vie du grand écrivain. Colm Tóibin a choisi de nous la raconter de l'intérieur et dans toute sa dimension romanesque.
Cette existence est peuplée d'autres figures inoubliables. Au tout premier plan, son épouse, la fascinante Katia Pringsheim. Avec et grâce à elle, Thomas Mann construit patiemment une oeuvre protéiforme en même temps qu'une apparence de vie confortable qui le protège de ses démons : son attirance pour les hommes. Pour ses six enfants nés entre un voyage à Venise et un séjour au sanatorium - qui seront transposés dans La Mort à Venise et La Montagne magique - il restera à jamais ce chef distant d'une famille où l'on ne sait pas très bien comment s'aimer. Son frère Heinrich, ses enfants Klaus et Erika Mann, Christopher Isherwood, Bruno Walter, Alma Mahler et Franklin Delano Roosevelt - tous joueront un rôle dans la mue du grand bourgeois conservateur en intellectuel engagé face à la montée du nazisme, ou croiseront sa route dans l'épreuve de l'exil. Mais Colm Tóibin évoque avec autant de puissance les élans intimes et douloureux d'un homme secret en quête d'un bonheur impossible. Tous ces fils littéraires, sentimentaux, historiques et politiques s'entretissent dans une fresque qui se confond avec l'émouvant roman d'une vie : celle d'un génie littéraire et d'un homme seul qu'on appelait Le Magicien.
Traduit de l'anglais (Irlande) par Anna Gibson -
Marco Carrera est le « colibri ». Comme l'oiseau, il emploie toute son énergie à rester au même endroit, à tenir bon malgré les drames qui ponctuent son existence. Alors que s'ouvre le roman, toutes les certitudes de cet ophtalmologue renommé, père et heureux en ménage, vont être balayées par une étrange visite au sujet de son épouse, et les événements de l'été 1981 ne cesseront d'être ravivés à sa mémoire.
Cadet d'une fratrie de trois, Marco vit une enfance heureuse à Florence. L'été, lui et sa famille s'établissent dans leur maison de Bolgheri, nichée au sein d'une pinède de la côte Toscane. Cette propriété, qui devait symboliser le bonheur familial, est pourtant le lieu où va se jouer le drame dont aucun membre de la famille Carrera ne se relèvera tout à fait. En cet été 1981, celui de ses vingt-deux ans, se cristallisent les craintes et les espoirs de Marco qui devra affronter la perte d'un être cher et connaîtra un amour si absolu qu'il ne le quittera plus.
Grâce à une architecture romanesque remarquable qui procède de coïncidences en découvertes, Veronesi livre un roman ample et puissant qui happe le lecteur dans un monde plus vrai que nature où la vie, toujours, triomphe.
« Le colibri de Sandro Veronesi est un chef-d'oeuvre bouleversant. D'une beauté absolue jusque dans les moindres détails. » Corriere della SeraTraduit de l'italien par Dominique Vittoz -
John von Neumann a posé les bases mathématiques de la mécanique quantique, inventé la théorie des jeux, créé le premier ordinateur moderne et joué un rôle clé dans le projet Manhattan, la construction de la bombe atomique américaine. Mais lorsque, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, il conçoit le MANIAC, une calculatrice qui selon ses mots « saisirait la science à la gorge en libérant une puissance de calcul illimitée », personne ne se doute que le monde est sur le point de changer pour toujours. Car le MANIAC, produit d'un esprit logique, cynique et visionnaire, ouvre les perspectives infinies de l'intelligence artificielle - à même de menacer la primauté de l'espèce humaine.
Benjamin Labatut place von Neumann au centre d'un roman qui débute avec Paul Ehrenfest, physicien autrichien et ami d'Einstein devenu fou après avoir compris que la science et la technologie allaient devenir des forces tyranniques. MANIAC se conclut une centaine d'années plus tard, au coeur d'une partie de Go entre le Maître sud-coréen Lee Sedol et AlphaGo, un programme d'intelligence artificielle. Le monde assiste alors à la naissance d'une forme d'intelligence encore hybride et capricieuse, qui se trompe, mais agit aussi par inspiration pure. Et d'autres suivront, toujours plus puissantes, toujours plus terrifiantes...
Triptyque inquiétant sur les rêves du XXe siècle et les cauchemars du XXIe, MANIAC entraîne le lecteur dans les labyrinthes de la science moderne et lui laisse entrevoir l'obscurité qui la nourrit. Un roman vertigineux sur les limites de la pensée et les délires de la raison.
Traduit de l'anglais (Chili) par David Fauquemberg -
Voici une fiction hors du commun qui se déploie sur trois siècles, de 1893 à 2093. Dans chacun des trois livres qui composent le roman, l'auteure évoque une Amérique différente pour imaginer ce que son pays aurait pu être, ce qu'il a été, et ce qu'il pourrait devenir. Des points communs entre ces sociétés subsistent, bien entendu : certains personnages détiennent le pouvoir, d'autres le subissent, et tous doivent décider ce qu'ils sont prêts à sacrifier pour leur liberté ou au contraire leur sécurité.
L'Amérique de 1893 dépeinte par Yanagihara n'est pas celle des livres d'Histoire. Ici, une scission définitive au sein des États-Unis a donné naissance aux États Libres au nord et aux Colonies dans le sud. Dans ce nouvel état du nord, le mariage entre personnes du même sexe a été promu, mais pas l'émancipation des esclaves. C'est dans cette société que le jeune héritier David Bingham, propriétaire d'une luxueuse demeure sur Washington Square, doit trancher entre un mariage arrangé avec Charles ou une passion à l'avenir incertain avec Edward.
Un siècle plus tard, d'autres personnages homonymes et vivant dans les mêmes lieux doivent faire des choix eux aussi. Pour le descendant de l'ancienne famille royale de l'archipel d'Hawaï, la sécurité et le confort d'une vie conventionnelle dans les beaux quartiers de New York peuvent-ils faire oublier le rêve de son père, celui d'une identité hawaïenne pure et originelle ?
La ville de New York ne sera plus la même au siècle suivant, en 2093, divisée en secteurs, quadrillée et surveillée par un régime devenu autoritaire après toute une série de pandémies qui a frappé le pays. Un homme portant lui aussi le nom de David Bingham a participé en tant que scientifique à l'élaboration de cette société répressive, dans le but de protéger la population de la maladie et la mort, mais ses derniers efforts seront consacrés à permettre à sa petite-fille Charlie de choisir la liberté...
La romancière américaine Hanya Yanagihara, auteure du livre culte Une vie comme les autres, parvient à embarquer le lecteur dans un voyage dans le temps qui impressionne par son originalité et son audace. Réécrire le passé et imaginer le futur, questionner nos ambiguïtés et nos obsessions, Yanagihara fait tout cela sans jamais oublier qu'elle est avant tout une formidable conteuse. Des personnages immédiatement attachants qui incarnent les besoins contradictoires de sécurité et de liberté traversent le roman de la première à la dernière page, suscitant notre empathie, nous tenant en haleine. -
Solvej Balle a passé une vingtaine d'années à travailler sur le chef-d'oeuvre de sa vie, Le volume du temps. Ce grand projet de littérature fantastique est rapidement devenu un phénomène au Danemark, puis dans le monde entier. Récompensé par le plus grand prix littéraire des pays nordiques en 2022, le Nordic Council Literature Prize, et traduit dans plus de vingt langues, cette extraordinaire série en sept volumes raconte l'histoire de Tara Selter - pour qui le temps s'est arrêté un 18 novembre.
Dans ce premier tome, Tara Selter se réveille à Paris. Antiquaire spécialiste de livres anciens, elle était venue dans la capitale pour examiner un ouvrage rare. Mais en sortant de sa chambre d'hôtel le lendemain matin, elle n'en croit pas ses yeux : les mêmes gens que la veille se ruent dans la salle du petit déjeuner, elle découvre la même édition du journal lorsqu'elle l'ouvre en buvant son café. Et cela recommence le jour suivant, et le jour d'après. Elle réalise qu'elle est bloquée le 18 novembre. Quand elle décide de rentrer chez elle dans le nord de la France, Tara découvre alors que son mari Thomas vit lui aussi ce « jour sans fin », mais sans avoir conscience de cette infinie répétition. Les jours passent et Tara cherche à comprendre pourquoi elle est la seule à avoir conscience d'être ainsi piégée.
Lassée d'avoir à expliquer chaque jour à son mari cette boucle temporelle, Tara décide de s'installer dans la chambre d'amis alors qu'il la croit à Paris. Elle découvre alors une étonnante liberté qui lui permet de questionner en profondeur son couple, son foyer, et le sens de l'histoire. Mais après plusieurs mois de vie répétée et à l'aube de la 366ème journée maudite, le vrai 18 novembre de l'année suivante, tout pourrait-il enfin rentrer dans l'ordre ?
Le volume du temps est une incroyable aventure aux frontières de la raison. En mettant au défi le temps, Solvej Balle nous pousse à réfléchir aux dangers et à la beauté d'une vie ritualisée, à la nature humaine lorsque celle-ci n'a pas pour horizon que la monotonie du quotidien. Une grande enquête existentielle et le premier tome d'une saga palpitante.
Traduit du danois par Terje Sinding -
Solvej Balle a passé une vingtaine d'années à travailler sur le chef-d'oeuvre de sa vie, Le volume du temps. Ce grand projet de littérature fantastique est rapidement devenu un phénomène au Danemark, puis dans le monde entier. Récompensé par le plus grand prix littéraire des pays nordiques en 2022, le Nordic Council Literature Prize, et traduit dans plus de vingt langues, cette extraordinaire série en sept volumes raconte l'histoire de Tara Selter - pour qui le temps s'est arrêté un 18 novembre.
Dans ce deuxième tome, Tara Selter décide de quitter sa maison. Plus que jamais seule, elle se met en tête de passer une soirée de Noël en famille. Elle se rend chez ses parents, elle leur explique la situation et tout le monde joue le jeu de cette fête improvisée des semaines avant la date prévue. Tara réalise combien l'écoulement des mois et des saisons lui avait manqué. La météo du 18 novembre n'a plus de secret pour elle, elle prend donc la décision de voyager à travers l'Europe afin de ressentir le temps s'écouler à nouveau : en Suède pour voir la neige, en Angleterre pour ses pluies printanières, puis à Montpellier où le soleil brille et les soirées sont douces comme des nuits d'été.
Enfin, pour ressentir la fraîcheur de l'automne, Tara se rend à Cologne et Düsseldorf. Elle compile ses impressions dans un carnet de voyage et reprend goût à la vie. Elle s'installe en Allemagne, se passionne pour des cours de civilisation romaine à l'université. Mais un jour, elle fait une étrange rencontre. Un homme, sans doute déjà croisé quelque part. Un homme avec qui elle découvre qu'elle partage bien plus qu'elle ne pouvait l'imaginer...
Solvej Balle continue son exploration du temps en s'intéressant aux sensations liées au calendrier. Différentes lumières, différentes saisons, différents moments dont on réalise la nécessité lorsqu'ils disparaissent. Un nouvel aspect de la vie de Tara Selter, et la suite d'une enquête qui va de surprise en surprise.
Traduit du danois par Terje Sinding -
La presse, la politique, la Californie, les femmes : on retrouve déjà dans ce recueil rassemblant des chroniques rédigées entre 1968 et 2000, ceux qui deviendront les thèmes de prédilection de l'icône des lettres américaines. Qu'elle raconte ses débuts au magazine Vogue, une réunion des Joueurs Anonymes, qu'elle analyse la presse locale underground ou qu'elle s'interroge sur les publications posthumes des écrivains, c'est finalement toujours l'Amérique qu'elle scrute, dans toutes ses vérités et ses contradictions.
Publiés en français pour la première fois, ces textes semblent répondre à une même question : « pourquoi écrire ? ». Elle y évoque le style, la sincérité de l'écriture à la première personne, la genèse de ses trois premiers romans et le parcours qui l'a conduite à devenir l'écrivaine que nous connaissons aujourd'hui et qui continue d'inspirer des générations d'auteurs. Joan Didion n'a de cesse de nous faire rire et de nous surprendre par la finesse de sa réflexion, toujours portée par une liberté de ton, un style incisif et empathique, ainsi que le sens de la formule. L'acuité du regard de cette figure mythique de la littérature américaine brille ici dans toute sa modernité et sa puissance visionnaire.
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À l'université d'UCSM, en Californie, un sujet est dans toutes les bouches : le passage à la télé du professeur Guy Schermerhorn et de son chimpanzé Sam - un singe pas comme les autres : il parle, Guy l'ayant initié à la langue des signes. C'est alors que, dans le hall, Aimee tombe sur un prospectus indiquant que le professeur cherche des étudiants pour l'assister dans ses recherches (comprendre : s'occuper de Sam). « Aucune expérience nécessaire, est-il précisé. Seulement de la patience et un dos à toute épreuve. » En effet, la tâche n'est pas de tout repos, ce dont peut témoigner la prédécesseuse d'Aimee, défigurée après une grave morsure. Mais la jeune étudiante s'en sort à merveille. Grâce à sa douceur maternelle, elle arrive à canaliser l'animal. Et puis elle lui change ses couches, lui donne le bain, répare ses bêtises, le câline, lui fait la cuisine - quand Guy ne commande pas des pizzas (le plat préféré de Sam). Voilà de quoi satisfaire le professeur : il a trouvé en elle la parfaite nounou. Et la parfaite petite-amie...
Cependant, une mauvaise nouvelle va mettre fin à cette idylle. D'après une étude qu'un certain Borstein s'apprête à publier, seuls les humains peuvent apprendre le langage, ce qui pousse le professeur Donald Moncrief - le grand manitou de la primatologie et à l'initiative de l'expérience menée par Guy - à mettre un terme à celle-ci. Il rapatrie Sam chez lui, dans l'Iowa, et l'enferme dans sa « grange aux chimps » sans autre forme de procès. Sauf que pour Aimee, Sam c'est toute sa vie. Et elle va tout faire pour le libérer.
On reconnaît ici l'humour grinçant si caractéristique du style de T.C. Boyle. Mais pour loufoque qu'il soit, ce roman n'en est pas moins sous-tendu par une réflexion métaphysique et éthique profonde : quelle est la frontière entre l'humain et l'animal ?
Traduit de l'anglais ( États-Unis) par Bernard Turle -
Comme un long songe d'hiver, ce nouveau roman de Han Kang nous fait voyager entre la Corée du Sud contemporaine et sa douloureuse histoire.
Un matin de décembre, Gyeongha reçoit un message de son amie Inseon. Celle-ci lui annonce qu'elle est hospitalisée à Séoul et lui demande de la rejoindre sans attendre. Les deux femmes ne se sont pas vues depuis plus d'un an, lorsqu'elles avaient passé quelques jours ensemble sur l'île de Jeju. C'est là que réside Inseon et que, l'avant-veille de ces retrouvailles, elle s'est sectionné deux doigts en coupant du bois. Une voisine et son fils l'ont trouvée évanouie chez elle, ils ont organisé son rapatriement sur le continent pour qu'elle puisse être opérée de toute urgence. L'intervention s'est bien passée, son index et son majeur ont pu être recousus, mais le perroquet blanc d'Inseon n'a pas fait le voyage avec elle et risque de mourir si personne ne le nourrit d'ici la fin de journée. Alitée, elle demande donc à Gyeongha de lui rendre un immense service en prenant le premier avion à destination de Jeju afin de sauver l'animal.
Malheureusement, une tempête de neige s'abat sur l'île à l'arrivée de Gyeongha. Elle doit à tout prix rejoindre la maison de son amie mais le vent glacé et les bourrasques de neige la ralentissent au moment où la nuit se met à tomber. Elle se demande si elle arrivera à temps pour sauver l'oiseau d'Inseon, si elle parviendra même à survivre au froid terrible qui l'enveloppe un peu plus à chacun de ses pas. Elle ne se doute pas encore qu'un cauchemar bien pire l'attend chez son amie. Compilée de manière minutieuse, l'histoire de la famille d'Inseon a envahi la bâtisse qu'elle tente de rejoindre, des archives réunies par centaines pour documenter l'un des pires massacres que la Corée ait connu - 30 000 civils assassinés entre novembre 1948 et début 1949, parce que communistes.
Impossibles adieux est un hymne à l'amitié, un éloge à l'imaginaire, et surtout un puissant réquisitoire contre l'oubli. Ces pages de toute beauté forment bien plus qu'un roman, elles font éclater au grand jour une mémoire traumatique enfouie depuis des décennies.
Traduit du coréen (Corée du Sud) par Kyungran Choi et Pierre Bisiou -
Hiver 1959-1960, dans une petite ville de l'État de New York. Ruben Blum est historien, fils de parents (névrosés et excentriques) d'origine russo-ukrainienne, gendre de beaux-parents (plus névrosés et excentriques encore) d'origine germanique, et père d'une jeune fille qui a hérité de cette folie familiale. Il enseigne à l'Université de Corbin où il est le seul professeur de confession juive, ce qui fait de lui un sujet de curiosité, de conversation et, par de sombres raccourcis, la personne idéale pour évaluer la candidature d'un spécialiste de l'Inquisition, juif lui aussi, qui postule à la faculté : Ben-Zion Nétanyahou.
Ce dernier est attendu chez les Blum pour un cocktail de bienvenue avant ses entretiens, mais lorsque sa voiture s'arrête devant la maison, quatre autres personnes apparaissent à ses côtés - Ben-Zion a fait le voyage avec sa femme et ses trois garçons, l'aîné s'appelle Jonathan, le plus jeune Iddo, et entre les deux : Benjamin Nétanyahou, 10 ans. La soirée qui attend les Blum et les Nétanyahou restera dans les mémoires de tous les habitants de la ville, du directeur de l'université jusqu'au Shérif de Corbindale, de l'équipe locale de football jusqu'aux draps de la fille de Ruben...
Dans les pas de Philip Roth et de Saul Bellow, Joshua Cohen signe un très grand roman sur la société américaine, les familles dysfonctionnelles et l'identité juive. Celui que certains considèrent comme « le plus grand auteur américain vivant » (The Washington Post) nous plonge, avec ce pastiche de campus novel, dans un épisode invraisemblable de l'histoire personnelle des Nétanyahou. Et rien de tel que l'humour pour revisiter le passé, parfois embarrassant, des hommes de pouvoir.
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La normalité est un malentendu. C'est le constat que fait la grande autrice argentine Samanta Schweblin dans Sept maisons vides, son recueil couronné en 2022 par le prestigieux National Book Award du meilleur livre étranger.
Une femme s'introduit dans des pavillons de banlieue pour sauver des objets du mauvais goût de leurs propriétaires, des enfants confiés à leurs grands-parents naturistes disparaissent, des vêtements sont jetés chaque matin par-dessus une clôture, et une vieille dame est incapable de se souvenir du prénom de son fils - autant de formes de démence qui hantent chacune de ces sept maisons argentines formant le livre. Erreurs impardonnables, silences trop lourds et méprises dramatiques en sont les vrais habitants. Les hommes et les femmes, eux, n'ont pas d'autres choix que de succomber à la folie pour tenter de conjurer leurs peurs et s'en libérer.
Avec sa prose acérée, Samanta Schweblin explore dans Sept maisons vides le désarroi du quotidien et la tragédie du domestique. Un chef-d'oeuvre d'humour noir qui nous révèle que les frontières de l'étrange commencent au pas de notre porte.
Traduit de l'espagnol (Argentine) par Isabelle Gugnon -
Le premier roman de Margaret Meyer se déroule au XVIIème siècle, dans le petit village côtier de Cleftwater, à l'est de l'Angleterre. Martha, la quarantaine, muette depuis l'enfance, y travaille comme domestique. Parmi ses nombreux talents, elle aide les femmes de la région à accoucher et soigne les habitants grâce à sa connaissance des plantes. Mais lorsque Silas Makepeace, un sadique chasseur de sorcières, arrive dans le village, la tension monte au sein de la population. La moindre étincelle risque d'enflammer les bûchers.
Toutes les femmes vont être suspectées d'actes de sorcellerie. On installe un tribunal spécial pour les interroger, les torturer, et les geôles se remplissent à mesure que le chasseur étend son emprise. De son côté, Martha est tiraillée entre un sentiment de sororité et sa lutte pour sa propre survie : on lui demande d'aider le tribunal à déceler des signes du diable sur le corps des femmes soupçonnées, mais elle ne sait pas jusqu'où aller pour protéger ces captives sans dévoiler ses secrets. Jusqu'au jour où Martha est arrêtée...
Inspiré par les tragiques événements ayant secoué l'Angleterre lors d'une chasse aux sorcières entre 1645 à 1647, La marée des sorcières est un magnifique roman historique et une épopée d'une extrême modernité. Le lecteur est submergé par la brutalité des hommes et la rudesse de la nature, une plongée dans le puritanisme du XVIIème siècle qui fait écho à l'oeuvre de Margaret Atwood.
Traduit de l'anglais par Marguerite Capelle et Hélène Cohen -
Juif new-yorkais, républicain et un soupçon mafieux, David King a transformé sa petite entreprise de déménagement en empire du stockage. Les équipes de King's Moving transportent vos meubles mais peuvent aussi être mandatées pour saisir les biens des mauvais payeurs. Pourtant, malgré sa notoriété acquise à grands coups de spots publicitaires, David King n'en reste pas moins ridiculement humain. Il a quitté sa femme pour l'une de ses employées et essaie d'être un père convenable pour sa fille en crise d'adolescence permanente : Tammy travaille désormais dans l'humanitaire, elle refuse de se plier aux traditions familiales et participe activement aux mouvements de boycott d'Israël. Ce qui exaspère David King.
Sioniste convaincu, il s'apprête à accueillir un cousin israélien qui vient de terminer son service militaire. Plutôt que de faire le tour du monde avec ses frères d'armes, hanté par les opérations à Gaza, Yoav part à New York travailler pour King's Moving, bientôt rejoint par l'un de ses camarades nommé Uri. Instable psychologiquement, ce dernier espère se raccrocher à la vie grâce à l'opportunité professionnelle qui se présente à lui. Rien ne l'impressionne, aucun meuble ni résident récalcitrant. Mais le binôme israélien va être rattrapé par des blessures profondes et la comédie risque alors de virer au drame...
Véritable « Soprano à la juive » selon le New Yorker, ce roman est à la fois hilarant et tragique. Joshua Cohen questionne nos identités et les grands changements à l'oeuvre dans nos sociétés, il manie l'humour juif avec talent pour croquer le monde dans toute sa vitalité mais aussi dans toute sa noirceur. Traduit de l'anglais (États-Unis) par Stéphane Vanderhaeghe.
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Parce que les fleurs sont blanches
Gerbrand Bakker
- Grasset
- En Lettres D'ancre
- 15 Janvier 2020
- 9782246821076
Gerard élève seul ses trois garçons depuis que leur mère les a quittés sans laisser d'adresse, se contentant d'envoyer des cartes postales depuis l'Italie pour les anniversaires et Noël. Klaas et Kees, les jumeaux de seize ans et leur petit frère Gerson - sans oublier le chien, Daan - vivent néanmoins dans une maisonnée plutôt joyeuse où Gerard s'efforce de faire bonne figure.
Un dimanche matin ordinaire où ils sont invités chez les grands-parents, leur vie bascule. Sur une route de campagne traversant des vergers où fleurissent des arbres fruitiers, une voiture s'encastre dans celle de Gerard, le choc est violent. Si les jumeaux et le père s'en tirent avec des blessures légères, il en sera tout autrement pour Gerson. Il est plongé dans le coma et au réveil, il comprend qu'il a perdu la vue. Aidé par Harald, infirmier dévoué, l'adolescent tente d'apprivoiser sa nouvelle vie, alors que les jumeaux et leur père essaient également de faire face, mais le retour à la maison est douloureux malgré le soutien de Jan et Anna, les grands-parents des enfants. Gerson s'enferme dans sa douleur et sa colère, refuse d'accepter toute aide et de se projeter dans un quelconque avenir. Plus personne ne sait comment le soutenir. Gerard presse son fils de prendre des décisions quant à son futur, sans résultat. Lorsque l'été arrive, tous savent que les choses ne pourront pas continuer ainsi à la rentrée. Le séjour prévu dans la paisible maison des grands-parents au bord d'un lac apparaît alors à tous comme la possibilité d'un nouveau départ...
Gerbrand Bakker est un maître incontesté dans l'art de saisir l'essentiel avec peu de mots. Son écriture impressionne par sa concision, sa justesse et surtout, par l'absence absolue de tout pathos. Racontée pour l'essentiel par ses frères, l'histoire de ce jeune garçon qui ne parvient pas à accepter de vivre dans le noir n'en devient que plus déchirante.
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Cat vient de s'installer en Floride avec son fiancé dans une magnifique maison sur la plage. Pourtant, elle s'ennuie. Un jour, sur un coup de tête, elle achète un des serpents les plus dangereux au monde, un python birman. De l'autre côté du pays, en Californie, c'est un tout autre achat qu'effectue sa mère Ottilie : de plus en plus sensible à son empreinte écologique, elle franchit un pas supplémentaire vers l'autonomie alimentaire et le recyclage des déchets en se dotant d'un réacteur à criquets. Son fils, Cooper, biologiste spécialisé dans les insectes, n'est pas étranger à ce choix. Mais alors que celui-ci accompagne sa petite amie à la recherche de tiques, il se fait piquer.
Ces choix spontanés et petits incidents vont entraîner une chaîne d'événements dévastatrice qui, depuis le microcosme de la cellule familiale, va s'insérer dans un contexte général de crise climatique. Aucun membre de la famille n'en sortira indemne. Car en Californie comme en Floride, on ne vit plus, on tente de survivre. Quand on ne meurt pas de chaud, c'est l'ensemble des insectes de la planète qui sont retrouvés morts. Les alligators rodent dans les rues inondées, le vent attise les flammes qui menacent d'engloutir les habitations au milieu de la nuit - à moins que ce ne soit l'océan qui finisse par les avaler.
Avec cette fresque environnementale pré-apocalyptique doublée de comédie noire, T.C. Boyle fait montre de toute sa maîtrise - et sa férocité - pour raconter l'accélération des catastrophes écologiques et intimes qui en découlent.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Bernard Turle -
Dans un complexe résidentiel pour ultra-riches, deux adolescents passent leurs soirées à boire et à fumer. Polo travaille comme jardinier pour les co-propriétaires de « Paradaïze » alors que Franco vit ici, avec ses grands-parents. En surpoids, grand consommateur de films pornos, ce dernier n'a qu'une obsession depuis l'arrivée d'une nouvelle famille dans le quartier : coucher avec madame Marián. Pour Franco, cette mère de famille est un objet de désirs, souvent violents, largement nourris par les vidéos que le jeune homme regarde à longueur de journée.
Polo écoute son compagnon avec mépris lorsque ce dernier lui dévoile ses plans pour conquérir le coeur et le corps de madame Marián, d'autant que lui-même a des ambitions bien plus sérieuses. Quitter son travail tout d'abord, et partir loin du logement miteux où il vit avec sa mère et son affreuse cousine. Peu importe s'il doit vendre son âme aux cartels, il est prêt à tout pour fuir son quotidien. De son côté, Franco commence à se rapprocher des enfants de madame Marián, puis à s'infiltrer dans la maison pour renifler les sous-vêtements de leur mère. Et lorsqu'il est suffisamment familier des lieux, il décide de passer à l'action, en pleine nuit, avec le soutien du jeune jardinier. Le plan est mis à exécution, mais il va se révéler bien plus macabre que prévu...
Ce nouveau roman de Fernanda Melchor est une plongée dans l'extrême violence de notre société. Tensions sociales, consumérisme, hypersexualisation des adolescents, glorification de la virilité et banalité du viol, un cocktail absolument tragique. A l'instar de Parasite de Bong Joon-ho, Paradaïze nous conduit inexorablement vers un final explosif, que l'on redoute depuis les premières lignes, et qui nous coupe le souffle jusqu'à la dernière.
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« Irrésolus », spatriati dans le dialecte des Pouilles, ne désigne pas seulement les êtres privés de patrie, mais tous ceux qui ne se sentent pas à leur place, les incertains, les inclassifiables. Comme Francesco Veleno, antihéros moderne, et la lumineuse Claudia Fanelli que Francesco rencontre au lycée et ne cessera d'aimer. Il ne le sait pas encore, mais le lien qui les unit est plus complexe : leurs parents entretiennent une relation adultère. De cette blessure originelle, naîtra entre eux une amitié indéfectible.
Le sentiment d'appartenance de l'un à sa région natale, ses poètes, ses paysages, sa langue, ses croyances, se fait le miroir de l'inévitable fuite de l'autre. Claudia part d'abord à Milan puis plus au nord encore, à Berlin. Un jour, Francesco décide de tout quitter pour la rejoindre. Quête d'identité, poursuite de ses désirs, transgressions, Mario Desiati transcende cela pour raconter une histoire d'amitié universelle.
Roman de formation d'une beauté magnétique, éducation sentimentale de ce duo intranquille : rarement deux personnages auront été saisis avec tant de subtilité et de délicatesse. À travers Claudia et Francesco, dans un va et vient perpétuel entre la région rurale des Pouilles et la cosmopolite ville de Berlin, Mario Desiati dessine le parcours, les aspirations et les fragilités de toute une génération.
Traduit de l'italien par Romane Lafore -
« Il n'y a pas de secrets dans cette famille ! » Sans tenir compte de l'avis de sa femme, un homme intransigeant élève leurs quatre enfants avec des valeurs laïques, en érigeant Gandhi comme modèle de rigueur morale. Malgré son apparence progressiste, cette famille de la classe moyenne n'est pourtant qu'un monde clos traversé de fissures.
Pour survivre aux humiliations, Martina, Damian, Rosa et Aquilino sont obligés de se soumettre aux règles paternelles, celles du « Projet ». Récemment adoptée, Martina, sommée d'appeler son oncle et sa tante « papa » et « maman », ne doit plus cadenasser son journal intime. Damian, adolescent en surpoids mis au régime, est obligé de participer aux collectes dans le quartier pour l'organisation caritative de son père. Rosa, désormais institutrice, comprend que l'origine de sa cleptomanie réside dans l'hypocrise de la transparence durant son enfance. Seul Aquilino, parvenu à faire changer ce prénom qui lui déplait, est assez rusé pour contourner l'autorité parentale. Mais si le fils cadet échappe à ce régime tyrannique, c'est en digne héritier, reproduisant inconsciemment les mêmes mécanismes de tromperie et de domination. Peut-on jamais échapper à sa famille ?
Avec une précision étourdissante, Sara Mesa étudie les ravages d'une éducation - de ses blessures latentes aux révoltes contre sa perversité. Conçu comme un collage où passé, présent et futur s'entremêlent, La Famille est un grand roman sur la construction de l'identité ainsi que les formes contemporaines du patriarcat. Une plongée vertigineuse dans l'ambiguïté et les faux-semblants.
Traduit de l'espagnol par Delphine Valentin -
Pendant l'été 1996, Miki est envoyé dans un internat à la campagne. Alors qu'il doit s'habituer aux codes de sa nouvelle école, l'adolescent taciturne refuse désormais de parler à sa mère. C'est dans cet établissement qu'il rencontre son premier amour, Laura.
Des années plus tard, la mère de Miki donne une série d'entretiens à des scientifiques intrigués par sa longévité exceptionnelle. Le regard qu'elle porte sur son passé n'est plus tout à fait humain et elle parle sans la moindre émotion de son fils, un garçon bien différent de celui qu'on pensait connaître.
C'est ensuite la nymphe Daphné qui prend la parole. Dans un monologue empreint de lyrisme et de rage, elle raconte sa version de la relation entre Miki et Laura. À présent métamorphosée en laurier, Daphné chante pour toutes les femmes qu'on a voulu briser au nom de l'amour...
Déambulation à travers les corps et les âges, Métamorphosées mêle la mélancolie d'Ovide à l'inquiétante étrangeté de David Lynch. Après Île (Grasset, 2020), Siri Ranva Hjelm Jacobsen nous offre une exploration poétique qui interroge le réel, le désir, l'amour filial et la sororité.
Traduit du danois par Andreas Saint Bonnet -
Le réalisateur Richard Lease a connu des jours meilleurs. Il n'est plus à la mode, et ne se remet pas de la mort de sa grande amie Paddy. Elle fut sa scénariste, son soutien et sa boussole. Ivre de chagrin, il entreprend un voyage vers le nord du pays, en dialoguant avec une enfant imaginaire, faute d'être resté en contact avec sa propre fille qu'il n'a pas vue grandir. Sa route va croiser celle de Brittany, qui travaille dans un centre de détention pour immigrants. Elle aussi est partie de Londres sans réfléchir, à la poursuite de Florence, une mystérieuse jeune fille qui a secoué l'institution pour laquelle Brittany travaille. Le printemps va-t-il permettre à ces âmes perdues de retrouver leur chemin ?
Ali Smith poursuit sa réflexion poétique et politique sur notre époque en portant une attention particulière aux gens déplacés, en fuite ou rejetés. Sa fantaisie joyeuse infuse une narration pourtant centrée sur la misère cachée de nos sociétés contemporaines, et en faisant appel à Charlie Chaplin, Katherine Mansfield, Rilke ou encore Shakespeare, elle nous amène vers un printemps libérateur.
Traduit de l'anglais par Laetitia Devaux