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Littérature
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Au travers de six études, l'ouvrage propose une approche des stratégies employées par le surréalisme pour rendre visible les notions essentielles de son esthétique, qui concilie renouvellement de l'inspiration poétique et nécessité de l'engagement politique à l'heure de la montée du fascisme.
Alors que l'idéalisme des années 1920, guidé par la magie de l'automatisme psychique, peine à devenir une arme idéologique, la photographie fournit à l'entourage d'andré breton les moyens de faire de l'image mentale une réalité concrète. pour y parvenir, les documents photographiques opèrent au coeur des usages surréalistes par le jeu des détournements qui donnent au surréalisme l'apparence prestigieuse d'une révolution scientifique.
Loin d'un univers convenu de l'onirisme, les surréalistes utilisent la trivialité des documents pour s'inscrire dans l'histoire en marche. si l'étrangeté est toujours au rendez-vous -à travers une vulgaire reproduction, un simple grossissement ou encore un instantané-elle est désormais au service de la puissance de l'esprit à transformer le monde. breton, dali, brassai, man ray et tant d'autres travaillent, au passage des années 1920-1930, à cette " illumination profane " que reconnaît alors en allemagne walter benjamin, et qui traduit la conversion du surréalisme au politique.
Cette approche anthropologique et esthétique du plus fameux courant artistique du xxe siècle montre le rôle déterminant de la photographie dans une conduite pragmatique de l'avant-garde.
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La Normandie, fortement touchée par les destructions de la Seconde Guerre mondiale, fut un territoire important de la Reconstruction qui s'étend de l'immédiate après-guerre jusqu'à la fin des années 1960.
Ce mouvement, inédit dans l'histoire urbaine, a consisté parfois en une insertion de nouveaux bâtis dans les espaces existants, parfois en une véritable reconfiguration de la ville. Au-delà des grands ensembles qui en sont partiellement issus, la Reconstruction en Normandie fut d'abord une suite d'interventions localisées qui aujourd'hui nous apparaissent comme des strates dans le paysage.
Le travail de Benoît Grimbert ne porte sur des bâtiments emblématiques de cette période, ni même sur l'architecture. Il traite de la présence, visible ou discrète, de la Reconstruction à travers le territoire normand, des villages aux capitales régionales. Les cadrages très neutres, dans la tradition documentaire, mettent en valeur la structure urbaine, en " feuilleté " ou en contraste, que la lumière égale fait jouer avec le ciel et le sol.
Le texte, d'un spécialiste de la Reconstruction, est illustré des vues de Normandie, issues des archives du ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme. Évoquant les dossiers administratifs de l'époque autant que certains livres d'artistes, l'ouvrage à la couverture en carton brut, est relié par une spirale métallique, sous jaquette transparente.
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Avec des moyens délibérément pauvres, Mogarra met en scène des situations fantaisistes.
Sans sortir de chez lui, il photographie en noir et blanc des petits objets, des figurines, des gravures, des matériaux divers, puis retouche parfois les tirages et surtout y écrit des mots à la main. Chaque pièce unique ainsi fabriquée s'inscrit dans une collection ou le déroulement d'un récit. L'écart visible entre l'image et ce qu'elle est censée illustrer, les différences d'échelle et de registres provoque bien sûr le rire ; mais celui-ci est à double ressort : à travers les clichés de Mogarra, ce sont aussi les pratiques photographiques courantes comme les représentations toutes faites qui sont moquées.
L'ouvrage réunit, sous le signe du voyage, deux séries inédites d'inspiration autobiographique. Sur la route raconte un périple, dans les années 1970, vers le sud marocain en passant par l'Espagne. La narration, à la troisième personne, court sous les photographies, agrémentées de légendes et de commentaires du héros. Le Voyage romantique présente un rapport similaire entre le texte et l'image, mais prend pour matière des gravures de paysages pittoresques et de villes remarquables.
L'ensemble pourrait évoquer un itinéraire d'écrivain à la manière de Chateaubriand, si n'étaient là encore quelques épisodes plus prosaïques. En couverture, sont reproduits des livres anciens que Joachim Mogarra transforme en " Récits de voyages " dont il serait l'auteur. Une notice biographique rédigée par un improbable B.B. Bourriquet, critique d'art, conclut l'ouvrage.
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Doubles Vies se fonde sur un principe extrêmement simple : un même portrait photographique est présenté vis-à-vis de deux curriculum vitae absolument dissemblables, l'un réél, l'autre imaginaire. Le livre a un aspect ludique : entre ces deux vies, on cherche à deviner laquelle est la vraie... sans y arriver. Mais, de manière presque simultanée, Doubles Vies suscite évidemment la réflexion : dans quelle mesure ce que nous savons influence t'il notre manière de voir oe
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Formant presque une trilogie avec ses deux précédents ouvrages sur les limites de la ville et sur les recoins d'une habitation, Primo campo est un travail sur la perception, non intentionnelle, distante, vague, infra-rationnelle. Les photographies montrent de très près des fragments de visages, du haut de la bouche à la base du cou, constitués de zones floues et très nettes. Outre ce choix du plan rapproché, le titre (" Premier champ ") manifeste l'idée d'une vision originaire ; ce pourrait être celle d'un jeune enfant tenu dans les bras d'un adulte : des parties immenses, à la fois choses et êtres, qui constituent un tout. Ce ne sont pas des détails représentatifs ou symboliques, mais bien les éléments hypothétiques d'un monde inconnu, des extraits possibles d'un flux d'" images-pensées ". Une équivalence pourrait être ici établie entre structure mentale et champ de vision : tandis que le regard dirigé, appliqué à connaître, correspondrait à une construction consciente des idées, la vision périphérique, détachée, sans but, renverrait, elle, à une élaboration diffuse, inaperçue. La capacité de l'appareil photographique à cadrer (sans phrases, presque sans gestes) est alors requise pour figurer l'inconscient, différent de la psychologie. Il ne s'agit pas de représenter, mais de présenter - au sens le plus simple (se) rendre présent.
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Fondée en 1854, la Société française de photographie conserve l'une des plus importantes collections historiques privées d'Europe. Autour de la notion d'utopie, le livre rend compte des « rêves d'images » qui ont accompagné les innovations des pratiques et des procédés, depuis les origines de la photographie, avec Bayard ou Régnault, jusqu'au seuil des avant-gardes modernes, avec Drtikol ou Rodtchenko. Au fil des chapitres, on découvrira de surprenantes séries comme ces clochards endormis de Louis Vert en 1900, ou les enseignes à néons photographiés la nuit par Léon Gimpel dans les années vingt. La fixation du réel transitoire, l'inscription des traces au service de la connaissance, l'ubiquité comme idéal moderne, une pratique démocratique de l'image, et enfin une reconnaissance artistique du médium, constituent ici les éléments d'une archéologie de notre culture visuelle.
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Portraits d'arbres met en regard l'inventaire des "Vieux Arbres de la
Normandie" , réalisé entre 1890 et 1932 par Henri Gadeau de Kerville, savant
et photographe rouennais, avec les oeuvres d'une vingtaine d'artistes
contemporains parmi lesquels Jean-Marc Bustamante, Rodney Graham ou
Nils-Sudo. Sous le terme de "portraits ", il s'agit bien sûr d'évoquer les
formes de cet inventaire, mais aussi leur écho dans la représentation
actuelle du paysage ou, par métaphore, dans celle de l¹individu. Figure
totémique de la nature, l'arbre apparaît ici majestueux ou torturé, isolé ou
noyé dans la végétation, comme autant de figures ouvertes à nos sentiments
et notre imagination.
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Festival unique en son genre, Images au Centre associe le patrimoine architectural de la région Centre et des oeuvres photographiques, pour la plupart actuelles. Comme chaque année, plusieurs artistes présentent des oeuvres réalisées à l'occasion de la programmation. Ainsi Christophe Bourguedieu a travaillé, essentiellement en Sologne, autour d'une chasse au sanglier, tandis que Yves Trémorin montre, sous le titre Blasons, des détails d'animaux empaillés, sur des fonds de couleur uniforme. Dans le style " bricolé " qu'on lui connaît, Joachim Mogarra compose quelques scènes de La Divine Comédie avec des figurines et des décors minimalistes de récupération. " Dans le champ des étoiles ", exposition issue du Fonds national d'art contemporain, présente des oeuvres, du XIXe siècle à nos jours, qui représentent ou évoquent l'espace infini. Des oeuvres de Brassaï marquent la présence, au sein d'un ensemble tourné vers l'art contemporain, d'un grand " classique " de l'histoire de la photographie.
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Au cours des cinquante dernières années, l'espace urbain a connu des transformations sans précédent, et notamment le développement de zones périphériques dans lesquelles la ville traditionnelle se défait. Cette série inédite de Basilico, réalisée entre 2001 et 2004 à travers le monde, s'attache à rendre visible, dans un environnement apparemment informe, des ruptures et des perspectives. Les photographies sont de larges panoramas, parfois d'un point de vue très élevé, centrés sur le bâti. Même lorsqu'il s'agit d'édifices isolés, des éléments hétérogènes - panneaux publicitaires, parkings sauvages, signalétiques - sont présents. Dans les vues plus vastes, des buildings modernes, parfois remarquables, voisinent avec des constructions anciennes ou provisoires, et l'architecture devient partie d'un ensemble formé de routes, de rails, de bouts de nature, d'espaces en attente. Du fait de la précision attentive du regard, c'est finalement moins le chaos que la dignité d'une réalité complexe, voire sa beauté inattendue, qu'on éprouve. Comme si la ville contemporaine était un labyrinthe que nous devions chercher à pénétrer pour être vraiment présents au monde.