«Qu'est-il resté des agonisants du Cambodge ? Une grande photo de la star américaine tenant dans ses bras un enfant jaune. Qu'est-il resté de Tomas ? Une inscription : Il voulait le Royaume de Dieu sur la terre. Qu'est-il resté de Beethoven ? Un homme morose à l'invraisemblable crinière, qui prononce d'une voix sombre : Es muss sein ! Qu'est-il resté de Franz ? Une inscription : Après un long égarement, le retour. Et ainsi de suite, et ainsi de suite. Avant d'être oubliés, nous serons changés en kitsch. Le kitsch, c'est la station de correspondance entre l'être et l'oubli.»
De retour dans sa ville natale, Ludvik Jahn se remémore un épisode de sa jeunesse étudiante lourd de conséquences. Pour avoir écrit une plaisanterie politique sur une carte postale, il est renvoyé de l'université et enrôlé de force dans l'armée. Jaroslav, qui fut son meilleur ami, et Helena, la destinataire du courrier, sont les autres narrateurs du récit. Premier roman de Milan Kundera, La plaisanterie lui a valu une grande popularité dans son propre pays et a lancé sa réputation littéraire dans le monde entier.
Risibles amours est un recueil de sept histoires parues à Prague avant 1968, puis interdites. Toutes ont pour sujet l'amour, ou plutôt les stratagèmes érotiques qu'emploient les femmes et, plus souvent encore, les hommes, et dont les conséquences s'avèrent souvent terrifiantes. Un jeune couple en vacances entame un jeu de simulation qui menace de détruire leur relation. Deux hommes partent à la recherche de filles qu'ils ne veulent pas vraiment. Un jeune homme renoue le contact avec une femme plus âgée qui se sent humiliée par son corps vieillissant. Un médecin utilise sa belle épouse pour augmenter son attrait et servir sa vanité sexuelle...Ce recueil constitue une sorte de laboratoire pour les premiers romans de Milan Kundera. On y retrouve les thèmes chers à l'auteur - l'amour, la fidélité, l'identité, l'être et le paraître - éclairés d'un regard lucide et désabusé sur la société.
Le roman se situe dans un château où Vera et Milan Kundera passent la nuit, et où se tient un colloque d'entomologistes. C'est aussi le château où Vivan Denon, écrivain libertin du XVIIIe siècle, fait se dérouler son récit. Kundera n'y est qu'observateur d'occasion et c'est le récit de Denon qui lui fournit un tremplin pour des réflexions désabusées sur les petits drames du colloque. Le lecteur suit l'écrivain à travers une nuit d'été au cours de laquelle deux récits de séduction, séparés de plus de deux cents ans, s'imbriquent et oscillent entre le sublime et le ridicule.Ce premier roman de Milan Kundera écrit en français est porté par une formidable analyse existentielle. La lenteur (et la rapidité), la discrétion (et l'exhibitionnisme) en sont les concepts principaux, et constituent une clé essentielle pour comprendre la vie dans notre monde contemporain.
Agnès et Laura sont deux soeurs. La première est mariée à Paul. Avant l'accident qui va causer sa mort, Agnès semblait déjà s'effacer. Après la disparition de sa soeur, Laura deviendra à son tour l'épouse de Paul. L'image de soi prévaut sur le soi, comme une préfiguration de l'immortalité.À travers cette saisissante analyse de la nature humaine, Milan Kundera tente toujours de comprendre le sens de la vie sans perdre son sens aigu de l'humour.Un de ces grands chefs-d'oeuvre inclassables comme on n'en découvre qu'une fois tous les vingt ans.
«Tout ce livre est un roman en forme de variations. Les différentes parties se suivent comme les différentes étapes d'un voyage qui conduit à l'intérieur d'un thème, à l'intérieur d'une pensée, à l'intérieur d'une seule et unique situation dont la compréhension se perd pour moi dans l'immensité. C'est un roman sur Tamina et, à l'instant où Tamina sort de la scène, c'est un roman pour Tamina. Elle est le principal personnage et le principal auditeur et toutes les autres histoires sont une variation sur sa propre histoire et se rejoignent dans sa vie comme dans un miroir. C'est un roman sur le rire et sur l'oubli, sur l'oubli et sur Prague, sur Prague et sur les anges.»
«Sur l'avenir, tout le monde se trompe. L'homme ne peut être sûr que du moment présent. Mais est-ce bien vrai ? Peut-il vraiment le connaître, le présent ? Est-il capable de le juger ? Bien sûr que non. Car comment celui qui ne connaît pas l'avenir pourrait-il comprendre le sens du présent ? Si nous ne savons pas vers quel avenir le présent nous mène, comment pourrions-nous dire que ce présent est bon ou mauvais, qu'il mérite notre adhésion, notre méfiance ou notre haine ?»
Jeter une lumière sur les problèmes les plus sérieux et en même temps ne pas prononcer une seule phrase sérieuse, être fasciné par la réalité du monde contemporain et en même temps éviter tout réalisme, voilà La fête de l'insignifiance. Drôle de rire inspiré par notre époque qui est comique parce qu'elle a perdu tout sens de l'humour.
«Le monde des théories n'est pas le mien. Ces réflexions sont celles d'un praticien. L'oeuvre de chaque romancier contient une vision implicite de l'histoire du roman, une idée de ce qu'est le roman. C'est cette idée du roman, inhérente à mes romans, que j'ai fait parler.» Milan Kundera.
L'auteur avait tout d'abord pensé intituler ce roman L'âge lyrique. L'âge lyrique, selon Kundera, c'est la jeunesse, et ce roman est avant tout une épopée de l'adolescence ; épopée ironique qui corrode tendrement les valeurs tabous : l'Enfance, la Maternité, la Révolution et même - la Poésie. En effet, Jaromil est poète. C'est sa mère qui l'a fait poète et qui l'accompagne (immatériellement) jusqu'à ses lits d'amour et (matériellement) jusqu'à son lit de mort. Personnage ridicule et touchant, horrible et d'une innocence totale («l'innocence avec son sourire sanglant» !), Jaromil est en même temps un vrai poète. Il n'est pas salaud, il est Rimbaud. Rimbaud pris au piège de la révolution communiste, pris au piège d'une farce noire.
Dans une ville d'eaux au charme suranné, huit personnages s'étreignent au gré d'une valse qui va s'accélérant : une jolie infirmière ; un gynécologue fantaisiste ; un richard américain (à la fois saint et don Juan) ; un trompettiste célèbre ; un ancien détenu, victime des purges et sur le point de quitter son pays ... Un «songe d'une nuit d'été». Un «vaudeville noir». Les questions les plus graves y sont posées avec une blasphématoire légèreté qui nous fait comprendre que le monde moderne nous a privés même du droit au tragique.
«Et je me demande : qui a rêvé ? Qui a rêvé cette histoire ? Qui l'a imaginée ? Elle ? Lui ? Tous les deux ? Chacun pour l'autre ? Et à partir de quel moment leur vie réelle s'est-elle transformée en cette fantaisie perfide ?»
Au fil des neuf parties indépendantes de cet essai, les mêmes personnages reviennent et se croisent : Stravinski et Kafka avec leurs curieux amis ; Janacek et Hemingway ; Rabelais et ses héritiers, les grands romanciers.L'art du roman est le héros principal du livre : l'esprit de l'humour dont il est né ; sa mystérieuse parenté avec la musique ; son histoire qui se déroule (comme celle de la musique) en trois temps ; l'esthétique du troisième temps (le roman moderne).Et la sagesse existentielle du roman. Sous son éclairage sont examinées les grandes situations de notre ère : les procès moraux intentés contre l'art du siècle ; l'indiscrétion généralisée annonçant le crépuscule de l'individualisme ; les testaments trahis (de l'Europe, de l'art, de l'art du roman, des auteurs).
I. Le geste brutal du peintre : sur Francis Bacon II. Romans, sondes existentielles III. Les listes noires ou divertimento en hommage à Anatole France IV. Le rêve de l'héritage intégral V. Beau comme une rencontre multiple VI. Ailleurs VII. Mon premier amour VIII. Oubli de Schönberg IX. La Peau : un archi-roman Milan Kundera.
«Jacques le Fataliste est l'un des romans que j'aime le plus; tout y est humour, tout y est jeu; tout y est liberté et plaisir de la forme; c'est pourquoi, ai-je dit dans L'art du roman, en France ce livre est scandaleusement sous-estimé:il concentre tout ce que la France a perdu et refuse de retrouver.Seul un goujat touche à la forme d'une oeuvre qui ne lui appartient pas. Méprisés soient les adaptateurs! Cette pièce n'est pas une adaptation; c'est ma forme à moi; ma rêverie; ma variation sur un roman que j'ai voulu fêter.Dans cette édition, la pièce est accompagnée de mon introduction, d'un texte de François Ricard sur l'art de la variation, d'une note sur l'histoire de la pièce et de ma réflexion touchant à Stravinski et à ses transcriptions-hommages d'oeuvres du passé.»Milan Kundera.
«Un rideau magique, tissé de légendes, était suspendu devant le monde. Cervantes envoya don Quichotte en voyage et déchira le rideau. Le monde s'ouvrit devant le chevalier errant dans toute la nudité comique de sa prose...... c'est en déchirant le rideau de la préinterprétation que Cervantes a mis en route cet art nouveau ; son geste destructeur se reflète et se prolonge dans chaque roman digne de ce nom ; c'est le signe d'identité de l'art du roman.»
L'art du roman - " Le monde des théories n'est pas le mien.
Ces réflexions sont celles d'un praticien. L'oeuvre de chaque romancier contient une vision implicite de l'histoire du roman, une idée de ce qu'est le roman. C'est cette idée du roman, inhérente à mes romans, que j'ai fait parler. " Les testaments trahis - Au fil des neuf parties indépendantes de cet essai, les mêmes personnages reviennent et se croisent : Stravinski et Kafka avec leurs curieux amis ; Janacek et Hemingway ; Rabelais et ses héritiers, les grands romanciers.
L'art du roman est le héros principal du livre : l'esprit de l'humour dont il est né ; sa mystérieuse parenté avec la musique ; son histoire qui se déroule (comme celle de la musique) en trois temps ; l'esthétique du troisième temps (le roman moderne). Et la sagesse existentielle du roman. Sous son éclairage sont examinées les grandes situations de notre ère : les procès moraux intentés contre l'art du siècle ; l'indiscrétion généralisée annonçant le crépuscule de l'individualisme ; les testaments trahis (de l'Europe, de l'art, de l'art du roman, des auteurs).
Le rideau - " Un rideau magique, tissé de légendes, était suspendu devant le monde. Cervantes envoya don Quichotte en voyage et déchira le rideau. Le monde s'ouvrit devant le chevalier errant dans toute la nudité comique de sa prose... C'est en déchirant le rideau de la préinterprétation que Cervantes a mis en route cet art nouveau ; son geste destructeur se reflète et se prolonge dans chaque roman digne de ce non, ; c'est le signe d'identité de l'art du roman.
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