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Phebus
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Recueil composé de douze nouvelles ayant pour fil conducteur la difficulté à concilier l'amour et le voyage, Le Coeur et les confins est la première incursion de Cédric Gras dans la fiction. Il s'attaque à une problématique délicate : peut-on aimer une femme et avoir le goût de l'aventure ? Avoir des envies irrépressibles d'ailleurs et le besoin de se fixer ? Prenant la forme de légendes urbaines, les nouvelles de Cédric Gras nous font voyager aux quatre coins du monde, dans des régions toujours plus reculées, et à sa manière, c'est-à-dire sac au dos, traçant toujours plus loin devant, sans attache ni but précis. Les histoires qu'il nous conte sont arrivées à l'un ou l'autre de ces aventuriers modernes.
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Cédric Gras le dit et ne se l´explique pas, il est attiré par les territoires hostiles qui s´ingénient à repousser les rares voyageurs plutôt qu´à les séduire. C´est un fait, et son regard de géographe singulier n´a pas d´équivalent. Plus intrigante encore cette découverte que le Nord russe se trouve en réalité à l´Est et qu´il faudrait faire pivoter la carte du pays pour tenter de le comprendre. De la Carélie au fleuve Amour, de la Crimée à la mer du Japon, des immenses steppes de Mongolie à Magadan, l´auteur a parcouru des milliers de kilomètres pour aller à la rencontre des archipels humains perdus que le pouvoir exploite à coups de décrets depuis l´époque soviétique. Les « territoires du Nord et assimilés » correspondent souvent à ce que fut l´Archipel du Goulag : des zones perdues de steppe, de taïga et de montagnes, improbables contrées, plus que rudes, où l´alcool tient lieu de mode de vie et où se côtoient les mille groupes ethniques composant la Fédération de Russie. Fleuves inconnus, villes condamnées qui deviendront la cible des Mig à l´entraînement, champs de neige et de gel...
L´Occidental curieux croit parfois connaître la Russie : il ne pourra qu´être sidéré à la lecture de ces lignes.
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Lorsque Cédric Gras, irrésistiblement attiré par les confins du monde, descend du Transsibérien fantasmé par tant de voyageurs, en réalité sept jours dans l'inconfort depuis Moscou, bercé par des paysages uniformes de bouleaux, et découvre Vladivostok, il est déçu de ne pas trouver la ville imaginée.
« Vladivostok, c'est un marais à l'eau salée et à l'air vicié. On a beau être dans le plus grand pays du monde, on n'en reste pas moins prisonnier de cette péninsule à la pointe difforme ». Cette désillusion initiale ainsi que la délicate prise de fonctions de ce jeune universitaire et diplomate ne compromettent pas l'élan qui guide son exploration patiente de la ville et la découverte de ses habitants.
La fascination grandit, saison après saison. Celles-ci scandent les temps forts du récit : le festival de cinéma en été, sorte de festival de Cannes de seconde zone, l'arrivée brutale de l'hiver, le 1er de l'an arrosé de vodka, la fonte des glaces et la mousson. Cédric Gras a à coeur de comprendre la région et, avec finesse et vivacité, il donne à voir sa géographie, les rêves de sa population, notamment étudiante, et ses relations avec le reste du monde : Moscou le pôle d'attraction, la Chine voisine et redoutée, la Corée du Nord insondable, le Japon des affaires, mais aussi l'« Eldorado » américain que beaucoup aimeraient rejoindre.