Alex, c'est vous et c'est moi, qui poursuivons le cours de jours futiles et incolores. L'inéluctable sensualité de Nadia, croisée dans un club parisien, et l'initiation aux troubles activités de son frère Hakim l'entraîneront bientôt dans un engrenage sans retour. Sur la corde raide, entre cet univers d'adrénaline et de nouvelles fréquentations élitistes, il joue les funambules selon la chronique d'une disgrâce annoncée. Avec Traversées parisiennes, Alex trace l'itinéraire d'un héros ordinaire et bouleversant à la rencontre de ses propres contradictions.
Dans les années 1860, le lieutenant Willatz Holmsen, troisième du nom, vit une paisible existence de seigneur terrien dans son vaste domaine, aux confins du Nordland norvégien, tout comme ses pères avant lui. Époux d'une aristocrate allemande dont l'âme passionnée s'accorde bien mal avec sa raideur et son mutisme un peu hautain, il est l'heureux père d'un jeune garçon. Quand le négociant Tobias Holmengraa, fils de pêcheur ayant fait fortune aux Amériques, revient au pays natal et se montre désireux d'acquérir une parcelle de son domaine, comment le lieutenant Holmsen pourrait-il se douter qu'en accédant à sa requête il va déchaîner l'ouragan de la modernité sur le petit monde où il régnait en maître ?
Aux yeux de Kundera, tout personnage est un « ego expérimental ». Avec l'autofiction, l'équation s'inverse : c'est l'ego qui se fait personnage expérimental. Dans ces pages, l'auteur tente une expérience inédite : celle d'un personnage intermittent courant d'emploi en contre-emploi, au gré des offres de l'Agence Rôle-Emploi chargée des intermittents de la Fiction.
Homme de théâtre, Larbi est un Algérien réfugié en France, suite à une fatwa lancée contre ses adaptations en arabe de Tartuffe et des Femmes savantes. Alors que son pays vient de commémorer les 60 ans de son indépendance, il se retrouve engoncé dans la peau d'un personnage obnubilé par la défense de la langue française qui l'engage dans une croisade surréaliste contre ce qu'il appelle les Accords déviants. La presse le surnommera « Le Fou de Molière ».
Pendant qu'en Algérie, le régime lance son « Grand remplacement » (le français par l'anglais), en France, les élites sont au chevet de la langue française, menacée par le langage minimaliste des réseaux sociaux, mais pas seulement... Dans un improbable jeu de rôles, Larbi va traverser ce « roman qui ne veut pas en être un » (Adam Thirlwell), et s'incarner là où le lecteur ne l'attend pas...
Tournant délibérément le dos à l'histoire de son pays, à peine évoquée entre dérision et réalisme, l'auteur expérimente, ici, un genre de fiction fragmenté, comme l'est l'Algérie depuis l'indépendance : une sorte de série-fiction. Pour reprendre la formule idoine de Kundera : « Il s'agit de nouvelles emboîtées (...) Une autre façon de dépasser la linéarité ».
Charles Serjic, conseiller financier en attente de son vol à Roissy, est entraîné par l'enseigne « Aire de prière » dans une longue méditation sur les enjeux existentiels de ses contemporains. La rencontre d'une femme chinoise, Catherine Lee, l'oblige à remettre en jeu ses certitudes et à résoudre ses contradictions.
«Je suis noir de monde...», chantait Alain Bashung.
Les absents continuent à bruisser. Tant de voix et de visages nous hantent, qu'un récit peut faire revivre le temps de la lecture. Salué par la presse et la critique lors de sa parution en 2010, Fantômes est désormais augmenté de huit nouvelles inédites.
« Dans cette plongée en eaux profondes, Fantômes est une belle réussite esthétique et littéraire. » (Virginie Mailles Viard, Le Matricule des anges, Montpellier, 2010)
À l'orée du XXe siècle, dans un Japon en plein bouleversement, comment une jeune femme indépendante, aussi belle que talentueuse, peut-elle se faire une place dans l'univers bourgeois où elle a grandi ? La réponse est tout sauf moderne : en faisant un bon mariage. Yôko s'y refuse, et dans la lutte inégale qui l'oppose désormais à son milieu, elle ne dispose que de son pouvoir de séduction - une arme à double tranchant, qui finira par se retourner contre elle... Considéré comme le premier roman féministe de la littérature japonaise, Cette femme-là, paru en 1919, est le chef-d'oeuvre de Takeo Arishima (1878- 1923), fils d'une famille d'aristocrates japonais devenu romancier d'avant-garde, socialiste convaincu et observateur lucide des contradictions de son époque.
Après Les rêves d'Anna, voici la traduction en français par Véronique Volpato de Cara Clarissa, une histoire féminine. Giulia est venue en quête de paix, ou peut-être pour se retrouver, dans un chalet isolé des Alpes suisses. Ce n'est pas elle qui se retrouvera, mais son passé qui frappera à la porte, qui ouvrira une lueur dans sa mémoire et qui l'obligera à résumer une vie dont elle ne sera peut-être pas satisfaite. L'angoisse d'une feuille blanche et d'une lettre qu'elle ne peut pas continuer, devient le moyen d'atteindre une relation plus intime avec elle-même et de creuser, chercher et mettre en lumière des éléments d'un passé resté irrésolu. Une écriture claire, impitoyablement précise, qui exalte le détail et fouille dans la vie de la protagoniste, nous tient en haleine jusqu'à l'épreuve de force finale. Dans une alternance continue entre le présent et le passé, Giulia recompose une histoire personnelle, en proposant un drame féminin entre devoir et plaisir, facilité et satisfaction, nous conduisant à une solution inhabituelle.
De nos jours, Paris, rue de la Petite Pierre. Un homme et une femme s'épient derrière leurs fenêtres. Lui, dans la force de l'âge, rédige des articles pour des revues d'art et se couche chaque soir en fixant une peinture, fasciné par l'oeil d'un cerf. Elle, férue de littérature, fraîchement débarquée du Maroc, n'autorise que la visite de sa soeur et se confie à un lapin en peluche. Cloîtrés dans leurs appartements respectifs, la peur les empêche d'en sortir. Sauront-ils l'affronter ?
Ce qui se tisse dans le face-à-face entre un juge et un médecin. Ce qui se révèle dans le secret d'une relation thérapeutique lorsque le transfert bascule, que chacun des protagonistes se retrouve le révélateur de l'autre. Ce qui se noue entre un homme et une femme dont l'expérience humaine entre en résonance. Ce qui se passe à des milliers de kilomètres, dans la splendeur de Madagascar où la misère précipite les drames, quand des femmes tentent d'en empêcher d'autres de vendre leur corps pour survivre. Ce qui ne peut advenir malgré la certitude d'être lié dans sa sensibilité la plus intime au monde. Curiosité de ce qui, dans l'écho, mène à l'évidence. D'une femme à un homme. D'un continent à un autre. Curiosité des confluences.
Je craignais par-dessus tout que le temps qui passe n'emporte mes souvenirs d'enfance, parmi lesquels les images des paysages traversés en culottes courtes, celles des femmes et des hommes, de mes camarades de classe et de jeu. Que d'histoires dans une vie ! L'homme en oublie certainement Ce récit autobiographique revisite les lieux de mon enfance à l'adolescence dans le Cameroun des premières années d'indépendance. Il exalte la camaraderie, les liens de famille sans oublier les relations avec les proches parents et les voisins. Ce livre aborde aussi la question politique que le pouvoir en place décide de résoudre par une répression sanglante des mouvements nationalistes qui se défendent comme ils peuvent dans les maquis des pays bassa et bamiléké.
Ce mot de Nietzsche résume bien la particularité de la présente écriture : « Honorons ainsi les aveugles, les confiants, les simples, [.], les ânes, protégeons et défendons-les contre nous-mêmes, tous ces coeurs de lait à la moiteur d'étable, sans malice, et sans problème, qui ne tirent rien de la vie, sinon sa distinction la plus insidieuse, celle de ne pas nous connaître. épargnons-les, par cet art du mutisme [.], pour nos mauvais jours à nous car nous aussi nous avons par moments besoin d'oasis, d'oasis humaines où l'on oublie, se confie, s'endort, où de nouveau l'on rêve, de nouveau l'on aime, de nouveau l'on redevient «humain». » Boris Lobatchev subodore une faculté psychologique hors pair du côté du philologue classique. D'autant que l'auteur du livre se considère un peu comme son sosie. Le propos s'en trouve bien ressenti. A telle enseigne que le sens philosophique de l'oeuvre est rendu. Il reste le récit, l'intérêt de l'entreprise résidant dans le lien que ce récit tisse avec la raison.
Le poète dénonce ici la violence et réfléchit sur l'ampleur inouïe du mal en décrivant un pays ébranlé par des bombardements et des atrocités quotidiennes. De quel droit ravager une nation pacifique et raser tout sur son passage, y compris l'humain ? Une telle invasion génocidaire, basée sur le mensonge, peut-elle se produire dans notre société qui se prétend civilisée et régie par des droits internationaux ? Après Lauriers pour l'Ukraine, les haïkus dans Anathema sur l'usurpateur évoquent l'exacerbation et l'indignation devant des crimes de guerre et d'agression continus. Le terme « anathema », selon l'étymologie grecque, signifie « colère des dieux ». Une postface résume le fil de l'actualité de cette guerre horrible.
Jusqu'où peut mener une obsession ? Comment peut-on passer de l'amour à la haine la plus violente ?
Agatha et John ont tout pour être heureux. Tombés amoureux dès leur première rencontre, ils mènent une existence dorée grâce à la belle réussite de John. Mais Agatha, de plus en plus exigeante, folle d'une jalousie injustifiée, pousse son époux au divorce. Et tandis que John refait sa vie, se remarie et connaît enfin un bonheur apaisé, Agatha, tombée dans une grave dépendance à l'alcool, nourrit pendant des années des idées de revanche terribles à l'égard de celui qu'elle ne peut oublier. Jusqu'à commettre l'irréparable...
Charles Duhamel nous présente ici son troisième roman. Il a publié un recueil de poèmes « Turbulences et chants de l'âme » et deux romans « Passions sous les tropiques » et «Un amour obscur » aux éditions La Bruyère.
L'histoire judiciaire qui forme l'intrigue principale de ce gros roman est en elle-même passionnante car elle est l'occasion pour l'auteur de décrire à la fois le système juridique typiquement anglais de la propriété foncière mais aussi les mÅ«urs de la classe moyenne des campagnes au XIXe siècle. Dans la pure tradition du roman victorien, cette intrigue principale est doublée voire triplée d'histoires annexes, surtout d'amour, qui sont l'occasion pour l'auteur de dresser des portraits d'une étonnante modernité de personnages secondaires parfois hauts en couleur. Anthony Trollope, sans doute l'un des trois plus grands écrivains de l'époque victorienne, est en tous cas le plus prolixe. Il a connu un immense succès au cours de sa vie et continue, cent cinquante ans plus tard, à fasciner et séduire de nombreux lecteurs à travers le monde. Cette traduction en français est inédite en livre : anonyme, elle a paru en feuilletons dans les années 1860 dans la Revue nationale et étrangère.
Un critique de cinéma s'envole pour le Japon en vue d'un reportage sur le tournage d'Alone in Tokyo, film d'un grand réalisateur japonais dont le rôle principal est tenu par la star du cinéma français, Aurore Granger.
C'est parmi les buildings des quartiers de Shibuya et Shinjuku qu'il interviewe Yamato Shimmura, le cinéaste, puis son actrice, avant que la terre ne se mette à trembler. Une éruption du mont Fuji plonge Tokyo dans le chaos et éparpille l'équipe du film. Le journaliste sillonne alors la mégalopole, devenue fantomatique, pour tenter de retrouver la trace d'Aurore Granger...
Service de presse à la demande !
Le narrateur, Léo Vogel, jeune rédacteur au sein d'une institution internationale, se voit confronté à la dérive puis à la disparition de son chef de service, un certain Charlie Mutzinger. La disparition de Mutzinger n'est pas sans lien avec une société secrète dénommée Cercle des oiseleurs. A mesure que le narrateur déchoit et dégringole dans l'institution qui l'emploie, passant d'un service à l'autre - pour terminer au sous-sol du département Archives... - il se fait aspirer par ce mystérieux Cercle des oiseleurs, et se trouve être autant le sujet d'une enquête que l'objet d'une initiation voilée. Le lecteur est peu à peu introduit à ce qui semble au coeur de la préoccupation des oiseleurs : là où porte l'attention aux oiseaux, au centre de la tâche aveugle de nos sociétés contemporaines.
Ils étaient cinq, venus des quatre coins du monde : Até Petre, Betty Wang, Kurt, Céline et Anatole. Réunis pour une mission cruciale : dire la vérité au sujet des déchets nucléaires, veiller aux conditions de leur stockage définitif, et surtout transmettre ce message aux générations futures, dans 10'000, 100'000 voire un million d'années. Ils ont créé un ordre érudit avec des rituels bienfaisants, une organisation sociale et politique subtile. Petit à petit l'ordre s'est agrandi, bientôt dix novices les ont rejoints. Mais comment résister face aux intérêts politiques, aux logiques de profit de l'extérieur ?
Pour traiter un des problèmes les plus urgents du monde d'aujourd'hui, Annette Hug tisse un roman foisonnant et visionnaire.
Pishimuss, aînée de la Côte-Nord, revient sur sa vie de Kukum. Elle raconte les amitiés, les amours, la chasse au caribou, le fleuve et la forêt. L'or des mélèzes est une suite de tableaux, de moments de vie, d'instantanés. Sophie, la meilleure amie. Mathias, le fils qui meurt sans jamais mourir. Adeline, l'adolescente révoltée. Et puis, il y a Xavier, l'amour de sa vie. Xavier, dont l'histoire est tracée sur le dos d'une rivière. Roman à l'écriture épurée, L'or des mélèzes capte des scènes de vie à la fois lumineuses et poignantes. Carole Labarre dit écrire le roman de la nature, car selon elle, la nature constitue la plus grande part de l'identité des Autochtones.
Marlène Van Niekerk retrace la vie d'une famille blanche pauvre, les Benade, au cours des deux mois qui ont précédé les premières élections libres en Afrique du Sud, en novembre 1994.
Kosovo, 1995: Quand Arsim rencontre Miloš à l'université de Pristina, tout semble les opposer : l'un est albanais, l'autre serbe, et leurs deux ethnies s'enfoncent dans un conflit meurtrier. Pourtant, face à une société où l'homosexualité est un crime, ils s'aiment.
Lorsque la famille d'Arsim doit fuir à l'étranger pour échapper aux massacres et à la guerre, Ayse, sa femme, attend leur deuxième enfant. À son retour forcé au Kosovo, il retrouve Miloš brisé par les traumatismes liés au conflit.
Articulé autour de la légende d'un serpent démoniaque, Bolla, le récit de cette passion contrariée et vouée à l'échec, se déploie dans une prose de grande élégance. Pajtim Statovci, le jeune prodige de la littérature finlandaise, livre un roman implacable sur le désir, la liberté et la destruction.
Livre majeur d'un poète mort jeune, Il mio Carso (Mon Karst), évoque le haut-plateau calcaire qui fait le lien, autour de Trieste, entre le nord-est italien et le nord-ouest croate. C'est son oeuvre la plus importante, le seul roman de sa brève carrière littéraire, prématurément interrompue par la guerre. Il s'agit d'un parcours au ton lyrique qui forge ce que l'on peut nommer son autobiographie intellectuelle et morale. D'une écriture d'une grande douceur, le récit témoigne du cheminement de l'auteur, exalté tel un artiste en devenir, confiant en ses capacités et en son égo. Le narrateur sera foudroyé par le suicide de son amante, Anna Pulitzer. Ravagé, il est alors amené à s'interroger sur son existence et à souhaiter un cadre existentiel bâti sur des principes plus essentiels